La Corée, côté jardin

Publiée le 08/06/2016
Une douzaine de jours "en extérieur"(ne suis je pas dans un film?). Je quitte la ville en direction du sud où se trouve plusieurs petites îles à découvrir. Non ce n'est pas un remake de Robinson Crusoé. La nature, comme partout,est un grand jardin!

Parc de Bukhansan, l'Everest de Séoul, mise en jambes.

Il suffit de prendre la ligne 1 du métro et de s'arrêter à la station, Dobogsan. 4h de marche  et un peu d'escalade, pour rejoindre la station suivante Mangwosla par un chemin buissonnier.Le parc: 80 km², 10 millions de visiteurs par an.  L'un des meilleurs sites pour l'escalade libre avec des voies de tous niveaux. J'ai pris la voie rapide, celle où il ya des rampes  et des cordes.  J'ai mis 8 heures, donc j'ai pris mon temps. Ce qui m'a permis de discuter, de partager un café sur une natte , de dessiner un flûtiste au pied d'une cascade (il m'a joué quelques morceaux et je lui ai donné le dessin), de vister un temple, de grignoter des raisins secs en respirant l'air frais (enfin!). Le regard ne sait plus vers quel point se diriger pour enregistrer les images. Il y autant à voir dans la nature que dans la population des randonneurs.La redescente est toute tranquille, car la plupart des gens choisissent  de faire demi tour une fois arrivés au sommet plutôt que de rejoindre l'autre station de métro.
C'est malgré tout assez sportif, et finalement, à ma grande surprise, je suis assez en forme. Une remarque ; 10 millions de personnes par an et pas un papier par terre, pas un mégôt de cigarette, puisque personne ne fume. Chaque pierre semble numérotée et disposée de façon à soulager l'effort dans une pente aussi raide. J'ai découvert le partage des richesses et des beautés de la nature dans un monde où nous sommes"un peu" entassés..

Au  début c'est facile, ensuite un peu plus  difficile, ensuite... il n'y a pas de photos

Contrairement aux autres randonneurs, je n'avais pas vraiment la tenue adaptée ni les accessoires (un sac à dos par exemple) ni les  gadgets techniques pour faire face à toutes les éventualités (bâtons, gants, protections des bras des genoux...) , mais de bonnes chaussures, c'est l'essentiel.  C''est vrai que les  sacs en bandouillère ce nest pas top, mais finalement ça a fait. Un adorable compagnon me tendait la main dans les passages délicats. Nous nous sommes séparés au sommet pour prendre deux chemins différents (il ne connaissait pas celui que j'allais emprunter, moi non plus d'ailleurs).

Où est windroad guest house?
un petit café au sommet, c'est vraiment sympa lorsqu'on l'a transporté depuis Séoul. Nous avons rendez-vous dans leur salon de thé.
La redescente, un vrai bonheur, bien qu'assez sportif, par endroits.
le joueur de flûte, ça valait bien un dessin!

Un voyage dans le voyage.

J'ai reçu l'invitation de Tamara  avant-hier, j'ai tout de suite fait le nécessaire au consulat hier pour le visa (un casse-tête russe). Je ne le récupérerai pas  avant le 22 juin. Le départ du Ferry pour Vladivostok n'est que le dimanche donc le 27 juin. Que faire? Comme en Mongolie, un voyage dans le voyage.  Direction Busan, tout à fait au sud, je prendrai le bus. Décision un peu à la hâte, après consultation de la carte. Préparatifs un peu à la hâte aussi..  Avant de partir, envoi d'un gros colis en France pour alléger la charge, je n'ai ni chameau , ni porteur, cette belle époque est révolue. Le reliquat de mes affaires d'hiver  va voyager 3 mois par bateau, nous devrions arriver au port  ensemble.

Julien, un compagnon de voyage.

Désolée les amis, mais ici tout le monde a le sourire et il fait beau. Faites vos sacs! C'est  la décision  que Julien a  prise un jour   de pluie graisseuse , au volant de sa voiture de sport, dans un embouteillage à  Lille. Il a tout vendu ; la voiture, le bel appartement, pas sa femme, car il n'en n'avait pas et s'est envolé pour l'Asie, première étape avant .... avant je ne sais pas, parce que son départ est définitif, alors il a le temps  de grimper vers les sommets et redescendre dans les vallées. Son métier ? Infirmier. Il avait un gros cabinet en libéral, une "usine à gazes." Du travail, il en trouvera n'importe où. On a toujours  besoin d'un infirmier, même en Inde dans un accident de bus. Après avoir aidé à réparer un monsieur de 75ans  bien amôché, ils ne se sont plus quittés. Il a 28 ans et la vie est devant.

Lui aussi attend un visa pour la Chine. Nous avons décidé de nous retrouver sur les îles le week-end prochain. Je vous rapporte notre dernière conversation : Julien : "On va se faire un week-end en amoureux", Moi : "Oui, un gay et une grand-mère,ça va faire un couple d'enfer !".J'ai acheté un petit sac à dos.


Busan

Ça, c'est mon île. Mauvaise pioche. 

Je suis dans le ventre d'un monstre. Plus d'air. J'etouffe!!
Quelle direction prendre?
Rien de rassurant ici
Le poisson je n'en peux plus
Les temples non plus

Une ville de 3 millions 500 000  habitants. Le plus grand marché  de poissons d'Asie. Je suis a 200 m de ce délire. Comment peut-on avaler tout ça? Comment la mer peut-elle être si généreuse sans rien demander en retour?  Je serais arrivée ici en premier, j'aurais  trouvé cela fascinant et ça  l'est. Je regrette ma caméra qui est restée  à  Séoul. Les building de 50 étages sur la plage c'est pas mal non plus et cela aurait mérité un reportage aussi, mais je crois que je suis fatiguée.

Je suis venue à Busan pour prendre le Ferry pour une île, n'importe laquelle(qui ne rêve  pas d 'une île?).Après avoir traversé les 3/4 du pays en bus, sans aucune respiration entre urbanistion, industriellisation et agriculture intensive (j'ai repensé  à  l'Andalousie), je suis convaincue que l'île sans béton,  néon et téléphone portable n'existe pas.

Julien me demande de choisir une destination pour me rejoindre. Que répondre? Je n'ai pas l'énergie de rebondir sur une autre feuille de nénuphar, l'eau est saumâtre et j 'ai peur du plongeon.

Pour 7000 wons, environ 5 euros, j'ai ceci sur la table.

Qu'y a t-il dans notre assiette? La mer nous rend ce que nous lui donnons. Nous sommes  à quelques encablures du Japon. Comme me le disait un malaisien très  sympa ce matin "Moi le poisson cru je n'en mange plus !" Pourquoi? Quand on le fait cuire, il y a moins  de radioactivite? Il me semble que ça se saurait.

Le poisson cru(au fond) et toutes sortes de bêtes qui bougent et qui craquent sous la dent. Ça vous dégoûte?  Moi,j'ai tout essayé.  On mange bien des huîtres.
Prions
Il pleut, aujourd'hui je reste à la maison pour méditer sur la finalité  de notre existence !!!!
On est bien sur le toit sous la pluie au milieu des clim et des pinces à linges!

Le dessin est un peu besogneux mais j'ai pris plaisir à  le faire, c'est ce qui compte. Seule à l'auberge en ce dimanche pluvieux,  je me suis ressourcee. Le personnel a été adorable. Tout était paisible. Je vais pouvoir repartir demain plus légère  ( pas le sac à dos malheureusement ). Je laisserai  le dessin sur le panneau avec tous les petits mots.

On m'a laissée transformer la cuisine très lumineuse en "atelier
La roue tourne, en France on s'amuse et il fait beau.
Preparation du stand "Tir au but "pour le sou des écoles . C'est de circonstance!
Le moral remonte

Une belle randonnée  avec l' odeur de l'herbe après la pluie. Une atmosphère tropicale et pratiquement personne. Presque en état  de choc. En bas dans la vallée, un bain public. Encore un truc de fous (2264 casiers). Un luxe inouï. Le rapport au corps en Corée est quand même  un peu compliqué. J'ai regardé et j'ai fait pareil. Je ne m'étais jamais aperçue qu'il y avait autant de coins et de recoins dans mon corps, qu'il fallait les récurer  sérieux et y passer beaucoup de temps (j'ai un peu abrégé! ). En fait j'ai sans doute toujours été un peu sale. Je pense aussi à  mes petits en Mongolie qui n'avaient pas d'eau, ni de savon , pour se laver les fesses... et je pleure. J'essuie mes larmes et je prépare mon sac. Julien est déjà arrivé à  Gyeongiu. Peut-être  que notre île,  On va la trouver!

Que vaut-il mieux dans ces cas là? Le sac à dos ou le sac à roulettes? J'ai choisi le sac à dos. Bonne pioche.
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