Paksé

Publiée le 30/07/2018
Paksé entre Plateau des Bolovens et Champassak

J’avais laissé mon récit à la fin ce voyage en bus, une seconde fois épique. En effet, nous arrivons à Vientiane vers 22h. Mon choix est alors fait, sachant qu’il y a au moins 16h de bus jusqu’à Paksé, j’ai ni le temps, ni le courage de faire ce trajet avec ce moyen de transport.


À la sortie du bus, direction l’aéroport, une connection wifi, de l’aide si besoin, je me connecte,achete un billet d’avion en ligne avec la compagnie low-cost Lao Skyway pour Paksé le lendemain à 14h50.

Je décide donc de trouver un hôtel pas loin, 13 euros la chambre avec toilettes et douche, lit king size, WiFi, télé etc etc..

Comme ça, je passe une bonne nuit, je me paie une grasse matinée et direction l’aéroport.


Le matin, je prends mon temps avant de rendre la chambre vers midi. Puis, sur le chemin de l’aéroport je m’arrête manger dans un tout petit resto. Personne ne parle anglais. Je dois montrer l’assiette d’un client pour lui expliquer ce que je veux. J’ai choisi par défaut!

Bon c’était pas ouf, j’ai mangé des boulettes je pense c’est de la viande, un peu de boeuf, des noodles, des herbes, des haricots, des pousses de soja. En mode local!


Une fois à l’aéroport train train habituel, attente. Petite anecdote, au passage de l’embarquement on me confisque mon feu! Alors je proteste légèrement (j’en ai un autre dans le même sac) car partout ailleurs on m’a laissé passer avec mon feu. Non, non, non ils veulent pas le rendre(c’était mon feu de Koh Tao !). Et comble, tu rentres dans la toute petite salle où il y a les deux portes d’embarquement, et il y a un fumoir !!!! Donc bon! 


L’avion est tout petit, peut-être 50/60 places, c’est assez marrant. Le vol dure une heure et demi. Malheureusement je suis côté couloir, il y a l’aile de l’avion à mon niveau et des nuages ! Donc j’ai rien vu hormis 3 minutes à la fin.


Arrivée à Paksé, je ressens tout de suite une atmosphère cool. Dans le tuk-tuk qui me mène au centre, je me sens bien !


Arrivée à mon hostel, au top il y a personne dans mon dortoir, je m’installe et décide de vite ressortir afin de voir pour les deux jours à venir, comment faire pour visiter les alentours. Je me dirige vers un tour opérateur pour voir les prix. 165 dollars la journée. Non merci aurevoir. Je vais voir chez Miss Noi célèbre pour ses locations de scooter. 

Je tombe tout juste sur la réunion d’information du soir à 18h. Yves, un français, explique les deux boucles à faire le Plateau des Bolovens et Champassak Vat Phu.

Je prend l’option scoot deux jours, boucle de Champassak avec le Vat Phu pour un jour et deuxième jour une petite partie du plateau des Bolovens (la grande boucle est trop longue il faudrait partir sur plusieurs jours et avec le gros sac sur le scoot on va éviter).


Je réserve le scoot pour le lendemain, on a eu le droit à deux cartes (faites à la main mais très efficaces), et pleins d’infos, dont “la boulange “ (mais j’avais lu sur un blog de voyageur qu’il fallait trouver le boulanger à Paksé) pour le petit-déjeuner. Et bien sûr chez Sésé bar à vins, avec charcuterie et fromage.


Ni une, ni deux je rentre à mon hostel pour me préparer et je file chez le fameux Sésé.

Là-bas, je rencontre une française et un allemand qui bosse pour des ONG et qui sont en mission sur Paksé et les alentours.

Le fameux Sésé est bordelais, la française de Mont de Marsan! Tout va bien ! Et voilà le boulanger qui se pointe!

Mon assiette de charcuterie (faites à Vientiane mais très bonnes) fromage (là du français), accompagnée d’un petit verre de vin, c’était juste extraordinaire, somptueux, gargantuesque!!!


Je rentre me coucher. Le lendemain le shop Miss Noi ouvre à 8h. Je compte bien pouvoir profiter de la journée ! 


Comme prévu, je passe prendre le petit-déjeuner à “la boulange”. Surprise en arrivant, il y a un drapeau de l’île d’Oléron sur la terrasse. Cyril alias Chili (explication dans “à noter” en fin d’article) est sur le départ, je lui demande alors s’il connaît bien l’île, en effet il a bossé plus de 10 ans là-bas, on échange quelques mots, il m’offre une briochette, et me propose de le rejoindre dans un restaurant où il sera le soir avec des amis. Le pain est très très bon, le petit-dej a tout de réussi!


Départ sur les coups de 8h45, le temps de discuter avec d’autres français à la boulange et puis avec Yves. Je passe faire l’essence. Il fait pas trop moche, je tente le plateau des Bolovens aujourd’hui, s’il pleut demain je vais le regretter.


Ah, je retrouve cette sensation de liberté sur le scoot! Je trace dans la montagne, la route est toute neuve, les paysages se dessinent. Et j’enchaîne les petits “villages”, les mamans avec les enfants sur les stands de fruits, les troupeaux de vaches, les gros camions agricoles chargés,les enfants qui jouent etc...Je passe devant la fabrique de café, l’odeur envahit mes narines.


Premier arrêt, je passe voir des forgerons. Ils sont assez timides ces Lao! Je m’approche doucement, je les observe et puis ils commencent à me parler. J’offre une cigarette à l’un d’eux. Puis, je passe entre les petits postes de travail, ils fabriquent des couteaux. Enfin, un autre Lao arrive me propose de manger un insecte! Alors je dis oui, ils me montrent comment le décortiquer. J’enlève la tête, les pâtes, les ailes, et hop je réfléchis pas je mange. Les Lao rigolent, et me demandent de suite si c’est bon. 

Alors, bon je ne dirais pas ça, très salé, j’ai plus l’impression d’avoir bouffer un gâteau apéro “bizarre” qu’un insecte ! Un d’eux essaie avec ses mots, de me demander si j’ai un petit copain ! Ah ah!


Deuxième arrêt, les fameuses cascades Tad Fan. Yves avait prévenu, ça peut être impossible de les voir selon le temps qu’il fait.

En effet, nuages juste devant. Le bruit de l’eau est cependant bien là. Je fais alors la rencontre de 3 instituteurs français d’une cinquantaine d’années. Brève discussion. Je sors demander si je peux revenir plus tard sans repayer un ticket le garde me dit oui.


Je décide donc d’aller aux cascades Tad Champi à 2km en face de l’entrée de celles de Tad Fan. L’accès en scooter est impossible (Yves avait prévenu) donc c’est parti, à pied au milieu de la boue, des champs de café, des buffles et vaches, des enfants qui jouent et qui te demandent What’s your name ? Ou encore les mamies assises qui te disent bonjour d’un geste de la main...

Une femme en scoot/tuk (un coté le scoot et un autre une sorte de chariot fait de quelques planches de bois) s’arrête devant une des dernières maisons avant la pleine forêt. Elle me sourit beaucoup. 500 mètres la revoilà derrière moi, elle s’arrête, me dit de monter derrière elle (en amazone du coup car le tuk est collé au scoot) et elle m’amène jusqu’aux cascades. C’est elle qui gère le checkpoint d’entrée avec son petit restaurant (le seul).

Je descends jusqu’aux cascades entourés de champs d’avocatiers.

La balade est mignonne mais il y a beaucoup d’eau. Quelques minutes plus tard c’est la grosse averse. Je remonte. À peine posée, une voiture arrive, c’est les 3 français de Tad Fan! La pluie est battante. Ils attendent pour descendre. Ils me proposent de me déposer à Tad Fan car ils vont également y retourner. Aahhh j’ai des sansues sur les pieds! Et pourtant j’ai à peine marché dans l’eau !!


Au final, le temps d’attendre que la pluie se calme, nous avons mangé, bien discuté, joué avec cette petite fille tellement adorable (elle venait sans cesse me demander de la prendre dans mes bras, je pense elle devait avoir à peine un an) et nous voilà reparti vers Tad Fan ! Le soleil est enfin là!!! Les aurevoirs avec la famille Lao sont chaleureux, la petite fille me fait un énorme bisou!


Arrivée sur le view point de Tad Fan sensationnelle ! Ces deux chutes d’eau d’une hauteur de 130 mètres avec vue sur le plateau des Bolovens, et cette faille immense où tombe l’eau c’est juste magnifique !!

Et oui, j’avais entendu parler de ce fameux parcours en Zip Line(tyrolienne), Yves m’avait donné un ticket pour le faire (40dollars tout de même).

Ni une ni deux j’en parle aux Français, deux sur les trois se laissent séduire par l’expérience ! 

Un père et son fils (français et croisés à Tad Champi) passent juste devant nous, ce qui confirme encore plus cette envie de le faire!

Gopro pas GoPro ? Je me dis non, puis oui, puis non si quoique se soit arrive, sait-on jamais ! Et puis, j’ai surtout envie de profiter du moment c’est pas tout les jours qu’on fait de la tyrolienne à 130 mètres au milieu de cascades!

L’adrénaline monte d’un cran, je crois le fait d’être avec des gens me rassure et on partage nos émotions donc c’est plus fun (et moins flippant). Petit training de 5 minutes avec les lao du parcours, sur une ligne de 5 mètres (dédicace à mon moi-même crispé et tendu, on m’a obligé à repasser l’exo, deuxième fois je me relâche, tout va mieux).


Et c’est parti ! La première ligne est juste incroyable!!! On voit les chutes de tout leur long, l’ensemble de ce trou au beau milieu de ce plateau, pas un seul espace vide, que du vert partout! Le reste du parcours est génial, on va d’un côté puis de l’autre, puis on monte à un point de vue. La dernière ligne est grande est une fois encore, vue impressionnante. Remplie d’émotion, je ne peux m’empêcher de verser une petite larme. (3ème après les éléphants et le view point Ko Phi Phi)


Ah, je ne regrette pas d’avoir mis 40 dollars (c’est relativement un budget au Laos) et les français non plus ! On a envie d’y retourner pour faire un autre tour, la demi-heure est passée si vite ! Il est temps de se dire aurevoir car j’ai encore un peu de route à faire puis tout le retour et il est 16h. Nous échangeons les whatsapp pour avoir ma photo sur la Tyrolienne ! 


Le reste de ma journée est ponctuée de pluies, rayons de soleils, pluies etc... je file direct à Paksong, la ville la plus moche d’Asie du Sud-Est (Yves avait prévenu) et en effet on se croirait dans un western asiatique, une grande route bétonnée en ligne droite, et des baraques en taule qui s’alignent, puis un “magasin” par ci par là. Très moche. Je m’arrête manger un kit kat acheté dans le seul “supermarché” de la ville, tout le monde me regarde c’est marrant!


Demi-tour, je ne peux pas aller plus loin par manque de temps. Le principe de la journée était simplement de faire cette partie de la route 16, du km 0 à Paksé jusqu’au km 50 à Paksong puis sens inverse.


Je m’arrête seulement au retour à la plantation de café et de thé, il y a normalement la patronne une lao qui parle français mais elle est partie à Attapeu (voir dans les à noter pourquoi). Je fais donc ma propre visite, il y a plein d’espèces d’arbres différents, avec l’espèce écrit sur un petit panneau devant en anglais, français et lao. Puis je me pose dans leur “salon café” pour prendre un thé. Ça fait du bien, le thé est très bon et les 15 km précédents sous la pluie ont refroidit mon corps !


Parée pour les 40km restants pour rejoindre Paksé. La pluie s’arrête enfin après quelques kilomètres! Je roule à 60/70km/h, la large route fraîchement bétonnée est agréable. À l’entrée de Paksé je suis enfin sèche! Le soleil se couche et au loin j’aperçois un nuage noir ! Vite! À peine 1km avant le shop d’Yves, je me prend cet abat d’eau dans la tronche! Limite je roule à 20km/h tellement la pluie et le vent sont forts ! J’arrive complètement mouillée mais heureuse de ma journée ! Je laisse le scoot au shop, oui car ici si tu laisses ton scoot dans la rue même avec un antivol, tu te le fais voler ou désosser!


De retour à l’hostel et après une bonne douche, j’essaie de trouver la motivation pour aller jusqu’au resto rejoindre Chili (le boulanger) mais ma fatigue et surtout les trombes d’eau ont eu raison de moi. Je mange à l’hostel et file au lit. Demain deuxième grosse journée qui m’attend!


Petit rituel du matin, on va à la boulange pour le petit dej. Chili n’est pas là, je croise la française travaillant pour l’ONG Les enfants du Mékong que j’avais vu chez Sésé le premier soir. On mange ensemble du coup.


Départ vers la ville de Champassak,  il y a 45 km depuis Paksé. Pas de pluie, un peu de soleil, pas d’arrêt hormis pour prendre des photos. La route longe le Mékong, que j’ai à ma gauche et à ma droite des montagnes. Je profite de ce moment pour admirer la vue, observer des Lao qui travaillent, toujours les enfants au bord de la route qui jouent.


Arrivée au Vat Phu qui se trouve à quelques kilomètres de Champassak, je me gare, paie mon ticket et c’est parti.

Premièrement, je rentre dans le musée à l’entrée du parc. Je veux comprendre un minimum ce que je vais voir.

Petit cours d’histoire: Ce temple historique date du 12ème siècle environ, construis par le roi Khmer de l’époque, qui menait des combats pour conquérir les régions alentours. En bref.



Ensuite, après quelques minutes de marche au bord des bassins qui précèdent la réelle entrée du temple, enfin le Vat Phu se dessine.

Je fais la visite en une heure peut-être plus car je m’arrête sous un gros arbre lors d’une averse.


On peut monter tout en haut, à flanc de montagne. La vue est somptueuse, l’ensemble du temple, les bassins, ville de Champassak, et Mékong!


Je suis accompagnée par un gamin de 7/8 ans qui commence par m’éclabousser avec l’eau d’une flaque boueuse puis me suit pendant un quart d’heure. Tout en haut, il reste les vestiges du sanctuaire principal qui est très beau.


Retour dans la ville de Champassak pour manger en terrasse sur pilotis au bord du Mékong. Je suis la seule cliente ! La fille se trompe en me rendant la monnaie. Je suis gentille et je lui rends le surplus.


Puis vient ce fameux passage en “ferry” avec le scooter pour aller de l’autre côté du Mékong rejoindre une route différente qui ramène à Paksé. Yves avait prévenu. Le “ferry” est fait de deux barques et une planche de bois au milieu! Il y a mon scooter, deux lao arrivés avec un scooter pile à temps pour venir avec nous, le “capitaine” et moi.

Bon je suis pas rassurée mais tout semble normal ! 10 min de traversée et me voilà de l’autre côté!


La migraine m’a emporté déjà depuis quelques heures, je décide de rentrer à Paksé et aviser sur le moment car il y a des tailleurs de pierre à voir pas très loin.

Il a fallu que j’arrive à 1km du shop pour me prendre une espèce d’averse, j’arrive donc comme la veille trempée ! Mon mal de tête est toujours présent, la pluie ne semble pas s’arrêter. Je rends le scoot, pas de balade supplémentaire. Je vais pouvoir en profiter pour faire deux trois courses et bien préparer mon sac.


Après un peu de repos, je décide de me diriger vers le resto La Terrasse repère du boulanger, ma migraine est cinglante. Pas de Chili!! Je tombe sur deux françaises qui me proposent une partie de cartes, je refuse, la pluie faire un bruit assourdissant en tombant sur les toiles de la terrasse du restaurant. Je ne suis pas bien. Je mange très vite, et pars me coucher. Il me faut du calme, du noir et un lit.


Demain c’est le départ aux 4000 îles!


À noter:

J’utilise dans cet article le mot Lao et non plus Laotien. Les deux se disent mais ici clairement on dit Lao.

J’ai goûté un shoot de Lao Lao l’alcool local! Pas mal!

La prononciation du R s’est perdu dans la langue pour se transformer en L. Les occidentaux sont appelés aujourd’hui Phalangs dérivé de Pharang utilisé pour les français à l’époque. Et d’où le boulanger Cyril qui s’est transformé en Chili.


Depuis le 18 juillet un typhon niveau 2 s’est abattu sur le Laos, du coup beaucoup d’eau partout, beaucoup de grosses averses.


Lundi 23 Juillet (jour de mon arrivée) un barrage cède dans la région d’Attapeu à 150km de Paksé, laissant s’échapper plus de 5 milliards de mètres cube d’eau. Des villages entiers sont engloutis, des centaines de personnes disparues. L’eau est déjà haute par cette saison de mousson et il ne cesse de pleuvoir avec le typhon. La situation est très compliquée. De toutes mes discussions avec locaux, française de l’ONG etc et observations voilà ce qu’il en ressort: Sésé Chili on fait des collectes d’argent dans leurs commerces, Chili a reversé les bénéfices en plus sur 3 jours. Il y a des camps de réfugiés sur Paksong. Les rescapés sont traumatisés et ne se laisseraient pas même toucher par des médecins. La majorité sont des enfants. On construit des cercueils à Paksé. J’ai croisé des convois d’ambulances, camions de l’armée, locaux avec voitures remplies de vivres et bateau ou hors-bord accroché derrière. Aller retour des hélicoptères sur Paksé, à l’aller des vivres au retour des corps...Beaucoup de locaux vont sur place aider ( Chili le 3 ème jour, la patronne de la plantation de café etc) et les secours sont pas organisés ni contrôlés comme on peut le voir en Europe. Plus il y a de bras tant mieux! Au 3ème jour, ils ont assez de nourriture. Maintenant, il faut des habits, des tôles pour construire des abris, des couvertures etc.. L’élan de solidarité qui s’est mis en place a été beau à voir dans la tristesse de cet accident...

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