Valparaiso

Publiée le 18/10/2018
Valparaiso mon amour... Capitale mondiale du Street Art.



À votre avis, j’ai fait quoi durant le trajet d’une heure et demi ? Mon activité préférée des derniers jours: dormir ! Je me réveille un petit quart d’heure avant d’arriver, ça me laisse le temps de manger mon sandwich. Une fois devant la station de bus, pour plus de facilité et surtout gagner du temps, je prends un taxi jusqu’à mon hostel. La devanture ne ressemble pas du tout à une auberge de jeunesse. Je frappe à la porte, j’attends un moment et enfin on vient m’ouvrir. Un jeune homme torse nu avec juste une serviette (il est 14h passé) m’accueille, il est volontaire dans l’hostel, et dort dans le dortoir, il me demande de patienter le temps qu’il s’habille. Une fois installée, je demande des infos à Jordan, qui m’explique pas mal de choses, me prête la carte pour prendre le train, très sympa, bon je sens qu’il drague un peu. Je vais fumer une cigarette dans l’espace commun, en fait c’est une sorte de patio avec de nombreuses « œuvres » artistiques, et il y a beaucoup de volontaires qui travaillent ici car il y a une petit cour à l’arrière qu’ils réaménagent.



Deux jeunes arrivent, Benjamin un Singaporien et une belge Megane, avec qui je discute brièvement, la pauvre elle vient de se faire mordre par un chien. On se dit qu’on passe la soirée ensemble. Il est 15h, je pars me balader. Je descends vers le train qui est à 10/15 minutes de marche. Je mets un peu d’argent sur la carte, et c’est parti pour seulement deux stations, jusqu’au quartier Barón, tout d’abord je vais au bord de l’océan sur le paseo Muelle Barón, on peut voir toute la ville d’ici! Et je tombe sur une sorte d’infrastructure portuaire à une cinquantaine de mètre du bord, où des lions marins ont élu domicile (otarie à crinière ou otarie de Patagonie les chiliens les appellent lobos marinos littéralement loups de mer), ils se battent pour avoir leur place, d’autres arrivent et grimpent. Je reste un petit peu à cet endroit, je discute avec un chilien d’une autre ville voisine quelques minutes, puis je me dirige vers l’ascenseur Barón (la ville compte une vingtaine d’ascenseurs environ mais pas tous sur des rails comme celui que je prends).



La vue en haut est sympa, c’est pas la plus belle ville du Chili c’est certain, mais ces collines remplies de toutes ces maisons, collées les unes aux autres et suspendues en quelle sorte, c’est assez surprenant !  Je remonte une rue en direction du quartier Polanco et ça commence, le street art est bien présent, il y a des peintures vraiment trop belles! Arrivée à l’ascenseur Polanco, il faut payer 100 pesos je n’ai qu’un billet de 20 000, bien sûr l’employé n’a pas de monnaie. Je fais demi-tour pour trouver un magasin ouvert qui peut me faire la monnaie. Je rentre dans une boulangerie, les vendeuses ne veulent pas me faire de la monnaie, juste deux billets de 10 000, une cliente me dit d’acheter quelque chose. Après réflexion j’ai pas envie de courir partout pour chercher un magasin ouvert le dimanche et qui a de la monnaie qui plus est. J’achète donc du pain et un gros rocher coco! 



De retour en bas de l’ascenseur, je peux enfin payer, il y a un long couloir sous terrain pour arriver à l’ascenseur, qui pour le coup est un vrai, pas sur des rails comme celui de Baròn. En sortant, l’employé qui gère les montées et descentes me dit de garder mon sac devant moi. Polanco est le quartier le plus dangereux de la ville, il est fortement déconseillé d’y aller de nuit. La vue sur la ville est superbe! Beaucoup plus typique que la première. J’hésite à descendre à pied, mais bon je prends mon courage à deux mains, il va rien m’arriver ! Il y a juste une rue à descendre, ça va le faire! Le street art est magnifique dans ce quartier, je m’arrête pour observer les détails des fresques. Je m’aventure dans une rue sur le côté et je rebrousse chemin arrivée au bout. Bon, il est vrai que les personnes que je croise me regardent bizarrement, ou les voitures ralentissent en m’observant. Je m’arrête dans une petite boutique pour acheter une carte postale, l’image est la reproduction d’une peinture de la ville.



La descente est finie, ce quartier était vraiment beau et très typique. Je retourne à la station de train, pour rentrer. Je m’arrête au supermarché acheter une salade toute faite pour mon repas de ce soir (oui pas envie de cuisiner), sans oublier une tablette de chocolat bien évidemment! Juste en face sur la place Ecuador, il y a de la musique bachata et salsa très forte et les gens dansent, il y a au moins 50/70 personnes, et tous les couples dansent super bien! Quand je compare à ce que l’on fait avec les copines aux cours de bachata et salsa, je me dis qu’on a beaucoup de progrès à faire !



Quand je rentre, Megane et Benjamin sont là, et surprise il n’y a pas de chauffage dans la chambre ! Il y a juste un petit poêle pour réchauffer la pièce commune/cuisine attenante à notre dortoir. Ils sortent faire des courses et acheter du vin. Je commence à manger de mon côté, j’ai très faim, le petit sandwich de 13h30 est assez loin! Quand ils rentrent, ils mangent puis on ouvre le vin et on s’installe autour du feu. Megane s’en occupe très bien! Le vin chilien acheté pas cher est loin d’être bon mais ça fait l’affaire pour la soirée. On en rigole un peu. Il y a deux autres chiliens avec nous, on discute tous ensemble. Megane ne s’arrête pas avec le feu. On rigole vraiment beaucoup toutes les deux. Jordan est passé à un moment, il continue la drague, je préviens Megane qui m’aidera si nécessaire !



Au final, on continue à discuter, à rigoler et on va se coucher un peu tard. On blinde le feu de bois pour que ça tienne longtemps. Jordan est déjà au lit, quand on rentre dans la chambre on fait un peu de bruit, il nous dit « chuuut », crise de rire avec Megane, pour rien en plus. Et le ponpon, il se met à regarder des vidéos sans écouteurs, du coup on se demande s’il se fout de notre gueule (elle avait déjà une dent contre lui suite à la nuit d’avant où il était parti avec son skate depuis la chambre à 3h, puis revenu à 7h avec toujours autant de bruit). Bref on s’endort et à 7h30 du matin le réveil de Jordan sonne pendant hyper longtemps. Et à 10h, il reçoit un appel téléphonique et parle fort dans la chambre alors que l’on dort ! Grosse blague le Jordan, aucun respect et en plus il est volontaire ici, il devrait être exemplaire! Benjamin qui est parti vers 8h avec toutes ses affaires ne m’a même pas réveillé ! Megane se lève, je me rendors jusqu’à 11h30! 



Une fois debout, on debrief sur le cas Jordan, on rigole bien. Objectif rallumer le feu, il y a encore un peu de braise, Megane part à la douche et je réussis à le faire repartir! Trop contente de moi! À mon tour de me doucher puis on s’en va. On a prévu de faire la visite guidée gratuite en français à 15h30. On va d’abord manger dans le restaurant le plus ancien de la ville le Liberty. On est à une petite table, au milieu de plein de chiliens, qui sont pour la plupart à la bière et à mon avis, il y en a eu plus d’une avant ça! Un homme rentre dans le bar et se met à chanter avec un micro et une enceinte qui diffuse la musique, il vend son cd également. On est au bord du fou rire, c’est loin d’être de la qualité musicale ! Le repas est plutôt bon, on se prend une bière pour accompagner. Les chiliens nous font des signes pour nous dire santé ! En partant on dit au revoir à tout le monde limite! Génial !



Il nous reste 45 minutes, on décide d’aller vers l’ascenseur 21 de mayo, très connu et qui est sûrement pas compris dans le tour à pied. Les rues sont toujours remplies de street art, c’est vraiment trop beau. Au final, on empreinte par hasard le chemin qui nous amène en haut de l’ascenseur. Ça monte un peu mais il y a des superbes fresques à voir. En haut, la vue sur le port et les conteneurs est sympa, et c’est encore une autre façon de voir la ville. Megane achète une petite statue en bois, représentant un animal (je me souviens plus exactement) et quand tu lèves son corps vers le haut son zizi sort! On redescend en direction de la place Sotomayor pour la visite guidée.



On est dans la rue et d’un coup, il y a plein de voitures qui klaxonnent, avec des drapeaux verts avec un emblème, et des jeunes qui sont assis sur le rebord des fenêtres et qui crient. Et ça dure 5 minutes, un défilé de voitures. On demande ce qu’il se passe à un commerçant qui est devant son magasin à observer. On apprend juste que c’est le drapeau de l’équipe de football de la ville. Une fois sur la place on trouve le point de rendez-vous, le guide s’appelle Juan, il a vécu en France, en Suisse et au Canada. Il est artiste peintre et habite à Valparaiso depuis plusieurs années.  Dans notre groupe, un couple assez âgé et un peu « prout-prout », un couple de jeunes normands en lune de miel, un martiniquais qui en avait pas du tout l’allure (la peau blanche comme un c**, et tout sec), une autre fille (arrivée au dernier moment elle devait rejoindre un ami qui s’est trompé de tour et qui est parti avec un autre organisme une demi-heure plus tôt), et une famille de quatre qui fait le tour du monde.



On discute un peu tous ensemble, c’est très sympa, et la conversation arrive sur cet événement « festif » de l’équipe de foot, la manifestation avait commencé sur la place quelques minutes avant qu’ils remontent la rue où nous les avons croisés. Juan explique donc que les supporters de l’équipe de foot célèbrent la mort d’un jeune, la veille dans le stade, c’est une vengeance car deux semaines avant l’un des leurs avait été tué. Ça fait un peu froid dans le dos! La visite commence, Juan nous fait un petit brief. On commence par aller au port, il explique pour les tours en bateau, je loupe une partie parce que je retire mon pull, mon manteau, j’allume une clope, je chuchote avec Megane. C’est le début on est pas concentrées. Valparaiso était anciennement le port le plus important d’Amérique du Sud. Et il y a une histoire sur le fait que beaucoup de personnes faisait des excursions en bateau et que du jour au lendemain, ils ont limité l’accès aux excursionnistes en donnant le droit à seulement une partie. Ce sont des anciens bateaux de pêche.



Retour sur la place Sotomayor, il y a un grand bâtiment de l’armée qui ressemble fortement à la mairie de Paris comme nous fait remarquer Juan, en effet c’est le même architecte. Il y a aussi une sorte de statue (je me souviens plus ce que ça représente mais c’est une sorte de mémorial) elle est surveillée 24h/24h par des policiers pour que personne ne tague les petits murets blancs qui l’entourent. On s’arrête devant une caserne de pompiers allemande, c’est la population qui finance les casernes, il y a beaucoup de volontaires qui ont donc un autre travail à côté. Le fonctionnement des casernes au Chili est différent car ce sont des « clubs sélectifs » par nationalité, ce qui permet d’avoir des dons des communautés et pays. À Valparaiso, il y a 16 casernes de différentes nationalités. Il explique également une histoire sur le fait que les pompiers devaient les péages mais plus maintenant. On se prend un fou rire avec Megane, pour rien encore une fois, juste un petit mot ou un regard, elle me fait trop rire, et rien le fait d’être à côté d’elle, j’arrive plus à m’arrêter.



En continuant, un peu plus loin au niveau du bâtiment de la commanderie, il y a une plaque au sol. Juan nous explique que depuis cet endroit jusqu’au port, Valparaiso a été étendue et donc construite sur l’océan. Nous poursuivons notre balade vers l’ascenseur El Peral, qui donne sur le paseo Yugoslavo puis le musée Baburizza qui est l’ancienne maison de Pascual Baburizza un homme d’affaires croate sans descendance et qui a tout légué à la ville de Valparaiso (il avait une très belle collection d’œuvres d’arts). Nous sommes dans le quartier du Cerro Alegre (de la joie) appelé comme ça car les marins en escale venaient ici pour boire des verres et voir des prostituées. La promenade continue vers le quartier Cerro Concepción, il y a tellement de street art partout c’est impressionnant ! Et plein de jolies maisons suspendues, ou des maisons construites sur plusieurs étages. Nous nous arrêtons faire une rapide dégustation de pisco sour, puis on traverse le paseo Dimalow où il y a des artistes qui vendent leurs peintures. Ensuite nous passons par la rue où se trouve le bistrot de Montpellier un restaurant français bien sûr. Et on termine sur une place où l’on peut voir au loin le cimetière, l’ancienne prison, et encore plus loin la maison de Pablo Neruda, la Sebastiana (des lieux que je n’aurais pas eu le temps de visiter).



Quelques infos en vrac sur le street art: il faut des autorisations pour faire des peintures mais certaines fois les artistes ne les ont pas. Certains habitants fatigués de repeindre leurs murs ou portails remplis de tags, paient des artistes pour faire des fresques sur leurs maisons et elles ne sont pas taguées par dessus. Les artistes respectent beaucoup l’environnement déjà présent et utilisent les fenêtres, les différents matériaux des murs etc pour les intégrer dans leurs œuvres. Beaucoup de peintures et de fresques dénoncent les comportements de la police, du gouvernement, de la mondialisation, de la vie en général.



À la fin, Juan prend 10/15 minutes pour faire un debrief, répondre à nos questions, et nous parler de la dictature de Pinochet, de l’éducation, de la santé (qui sont payantes et très chères), de nourriture et alcool (il nous conseille des spécialités locales). On parle aussi de l’immigration, de la drogue, de l’insécurité. On a abordé plein de sujets! Ce tour était vraiment très complet, Juan a été génial, il a bien tout expliqué et répondu sans filtres à nos questions. Et le groupe était super, on a bien rigolé! Juan me dit d’ailleurs que c’était un groupe particulièrement chouette !



On décide d’aller tous boire un verre ensemble, Juan nous indique une rue pas très loin qui est idéale, et c’est la rue de notre hostel ! Tant mieux! On s’installe en terrasse, on discute bien, on échange beaucoup et un verre, et deux, et trois, bref quand on s’en va je commence à être pompette, j’ai rien dans le ventre ! Tout le monde se dit au revoir, et avec Megane on cherche un restaurant pour manger, le premier fera l’affaire, on a tellement faim ! On tape des barres énormes on parle aux serveurs, bref très bon moment. Puis en rentrant à l’hostel, on s’arrête acheter des bières. Dans la rue on me propose de la marijuana ou de la cocaïne, et quand on était en terrasse une femme nous avait proposé des space-cakes. Normal ! 



Nous voilà rentrées, on allume le feu, on se pose devant, un des chiliens de la veille est là. On discute un peu. On boit une bière. Il y a un couple d’américains qui sont arrivés le midi et ils partent se coucher. Quelques minutes plus tard Jordan arrive, allume la lumière puis sort et laisse la porte ouverte et la lumière allumée. Quel beau geste de respect ! Bref quand on part se coucher, il est déjà au lit et on se prive pas de discuter! Le lendemain je me lève à 7h, pour partir vers 8h30. Megane se lève pour me dire au revoir puis je prends un taxi pour la station de bus, départ 9h vers La Serena puis la vallée d’Elqui.


À noter: 

-À la base, je voulais passer deux jours à Santiago et deux jours à Valparaiso mais la propriétaire du lieu de mon wwoofing voulait que j’arrive le 02 car le 03 elle s’en va à Santiago. Dommage, j’aurais bien aimer profiter plus et ne pas être pressée par le temps.


-Juan nous avait dit de tout retenir, malheureusement je les ai pas tous (il y en a 9 en tout) et je me souviens plus si c’est les premiers du Chili ou d’Amérique du Sud. Valparaiso a donc le premier journal , premier bureau de poste, premier hôtel 5 étoiles, première bière, première église avec une croix sur le clocher, première caserne de pompier, premier port.


-J’ai adoré passer mon temps à Valparaiso avec Megane, par moment tu rencontres des gens avec qui ça colle directement, avec qui tu as des gros délires et ça fait du bien !!!

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