Lac Titicaca

Publiée le 05/11/2018
Une journée sur les îles du lac Titicaca.



Je ne sais pas pourquoi j’ai choisi cette compagnie de bus, je savais qu’il fallait faire attention en plus. La fille me vend le ticket pour un départ à 12h45, c’est peut-être par flemme que je n’ai pas cherché plus. Bref, tout ça pour dire qu’on part avec environ une heure de retard. Quand je monte dans le bus, il fait une chaleur à crever, il est presque complet, pas de climatisation, il y a une sorte de chauffage sur la paroi du bus à mes pieds. Le chauffeur roule à deux à l’heure, il s’arrête souvent. Les gens gueulent Vamos! Et ils tapent avec leurs pieds sur le sol. Un homme crie des choses du genre, on est en retard, tu roules lentement et en plus tu t’arrêtes tout le temps, change de métier ! C’est vrai que c’est catastrophique, il roule à 30km/h, on se fait doubler par des camions de marchandises! Bref le trajet fut très dur, car chaleur insoutenable, et pas l’impression d’avancer ! 



Quand on arrive enfin à Puno, plus de 7h30 après, alors qu’il faut 6h normalement, le quartier est plongé dans le noir, il y a eu une coupure d’électricité. Je prends un taxi jusqu’à mon hostel, heureusement dans ce quartier là, il y a du courant. À la réception, je fais le check-in et je réserve directement un tour sur le lac Titicaca pour le lendemain à 6h45. L’employé m’accompagne dans ma chambre et à peine mon sac posé, la lumière se coupe, le quartier est plongé dans le noir, plus d’électricité ! Une seule chose à faire, dormir, surtout que le lendemain je dois me lever à 5h45.



Je me lève, je vais prendre une douche, l’eau est froide, j’ai l’impression que ça va être dur de trouver de l’eau chaude au Pérou. Puis je vais prendre le petit-déjeuner, c’est un buffet à volonté, c’est très bon. À 6h45 pétante, un homme vient me chercher, on marche quelques rues puis un van passe nous récupérer. Nous arrivons au port 5 minutes plus tard, et nous embarquons directement dans le bateau. Nous sommes environ 25 dedans. Déjà depuis le port, le lac Titicaca semble très beau. Il y a 20 minutes de trajet pour le premier arrêt de la journée, les îles flottantes Uros.



Quand nous débarquons sur l’île, nous avons une explication d’environ une demi-heure. Les Uros parlent une autre langue l’aymara, dans cette langue Titicaca signifie Puma Gris. Dans la culture Inca, le serpent, le puma, et le condor sont trois animaux mythiques qui représentent 3 niveaux de conscience de l’être humain. Le serpent représente le monde intérieur (le subconscient, la colonne vertébrale), le puma le monde d’en bas (le conscient, la terre, le cœur) et le condor le monde d’en haut (le supra-conscient, le pouvoir de l’esprit, la tête). Le lac est une frontière naturelle avec la Bolivie, il fait 8560 km carré, c’est le plus haut lac navigable du monde. 60% appartient au Pérou contre 40% pour la Bolivie. Les îles péruviennes sont Uros, Amantani (4200 habitants, langue quechua), Taquile (2400 habitants langue quechua), Suasi et Soto (284 mètres de profondeur à cet endroit qui est le plus profond du lac). Du côté Bolivien, on retiendra l’Isla del sol, berceau de la culture Inca, ils ont traversé le lac Titicaca pour aller jusqu’à Cusco.



Dans le lac, il y a plusieurs types de poissons: ceux introduits en provenance du Canada et de l’Argentine, et des poissons locaux. Les espèces d’oiseaux sont seulement locales. Les îles flottantes Uros sont au nombre de 92. Chacune d’entre elles ont un président. Nous rencontrons donc le président de l’île sur laquelle nous sommes et il nous fait une présentation pour expliquer comment construire une île flottante, cela prend un an et demi.

Toute la famille y travaille. La première étape est d’aller couper des blocs de khily (plante tortora, des roseaux en gros), de les attacher entre eux. Ensuite, ils coupent les tiges de cette plante, et les disposent sur les blocs (au moins 1 mètre de hauteur est nécessaire). Puis ils construisent les maisons celle du président, des grands-parents, et ils cuisinent sur une partie avec une plaque en pierre (car si cela prend feu, en 5 minutes toute l’île brûle). Et le plus important, il faut encrer l’île car avec le vent, elle peut se retrouver au milieu du lac ! 



Ensuite, ils nous présentent des barques, la première est celle qu’ils appellent le taxi romantique. Elle est  assez petite, il raconte qu’elle permet aux couples de se former à priori. Ils partent à deux en balade et reviennent ils sont trois (car la fille est enceinte). Et la barque qu’ils nomment Mercedes Benz, c’est une double gondole avec une plateforme à étage, d’une capacité de 30/40 personnes. Elle permet de se rendre d’île en île. Nous nous séparons en groupe de 5, pour aller visiter une maison avec une mama. C’est assez bref car la maison est relativement petite, ils ont des panneaux solaires pour alimenter en électricité. Puis, elle nous montre ses articles d’artisanat, sur beaucoup de tissus sont représentés la Pachamama (la terre mère), la Pachatata (le ciel) et un troisième (l’eau). C’est encore une trilogie Inca.



Nous partons ensuite vers une autre île dans la gondole Mercedes Benz, le trajet dure 10 minutes et on doit payer 10 soles. Rien d’exceptionnel. L’autre île est « l’île de sortie des touristes », encore des stands d’artisanat, un café où l’on peut acheter à boire et à manger, c’est hors de prix. Seul point « positif », on peut avoir un tampon du lac Titicaca sur son passeport. En repartant, le guide nous montre deux îles avec des maisons en taule, la première c’est « l’hôpital » seulement en cas d’urgence et la deuxième les églises, car le peuple Uros a deux religions: catholique et aymara.



Nous avons deux heures de bateau pour rejoindre le deuxième et dernier arrêt de la journée: l’île de Taquile (et non pas Tequila). On peut monter en haut du bateau à maximum 6 personnes. J’attends un peu que tout le monde passe puis j’y vais, du coup je suis toute seule c’est cool! Une fois arrivés sur l’île, nous avons un petit trek de 40 minutes à faire pour rejoindre la plaza de armas, notre lieu de rendez-vous pour le repas. Il y a des points de vue magnifiques ! Nous allons ensuite manger dans ce petit restaurant et à la fin du repas le guide nous donne des explications sur cette île. 



Taquile se compose de plusieurs communautés, qui sont séparées par des arches sur les chemins. Elle a été reconnue par l’UNESCO comme l’endroit où se trouve les meilleurs tisserands du Pérou. Nous pouvons voir au loin l’isla del Sol et donc la Bolivie derrière. Les cultures sont en terrasse et datent de la période pré-Inca, de la civilisation Pucará. On retrouve la fleur nationale du Pérou, appelée cantuta, sur Taquile elle est seulement rose ou jaune. Tout comme à Uros, ils ont de l’électricité grâce aux panneaux solaires. Puis, il nous présentent les chapeaux traditionnels pour les hommes, le rouge signifie que c’est un homme marié, le rouge et blanc pour un homme célibataire et la couleur arc en ciel représente les autorités locales (sur les îles il n’y a pas de police). Pour les femmes, une jupe noire veut dire qu’elle est mariée, toutes les autres couleurs de jupe représentent le célibat, et leurs écharpes : petits ponpons mariée, gros ponpons célibataire.

Pour se saluer, ils ne se serrent pas la main c’est incorrect. Ils échangent des feuilles de coca, puis doivent en manger un peu.



À la fin du repas, on nous sert une tisane de muña, qui est une herbe bonne pour la digestion, l’estomac etc.. c’est pas mauvais. Et nous faisons le reste du trek pour descendre vers un autre port, nous aurons presque traversé l’île. Il y a donc plus de 2h30 de bateau pour retourner à Puno. Il va si lentement ! On nous donne un questionnaire de satisfaction, c’est vrai que sur l’ensemble de la journée il y a plus 5h de bateau et à peine 3h sur les îles, je suggère de rééquilibrer, et d’avoir un bateau qui va plus vite !



On me dépose à mon hostel, mais je décide d’aller flâner dans les rues, il y a beaucoup de déchets, et plein de stands de rue, où tu peux acheter tout et n’importe quoi. Ça grouille de partout. Je commence à avoir faim donc je me cherche un petit restaurant sur le chemin du retour. Je m’arrête au premier que je trouve, on me sert une soupe, plus un plat et un thé, le tout pour 3,50 soles (moins d’un euro). La bonne affaire du jour!



Je retourne à mon hostel, à la réception, je réserve mon billet de bus pour le lendemain pour aller à Cusco puis il faut que je me rende dans le petit village de Yaca, où je vais faire 10 jours de wwoofing. Je me pose sur la terrasse, il y a deux françaises, dont une qui fait un tour du monde, on discute un bon moment. Puis c’est l’heure d’aller se doucher, de faire mon sac, et je vais au lit, demain le réveil sonne à 6h30. Il faut que je marche jusqu’à la station, mon bus est à 8h15.




À noter:

-Le lac Titicaca et les deux îles que j’ai visité, sont très touristiques, pour un peu plus d’authenticité, il faut aller dormir chez l’habitant à Amantani, j’ai perdu deux jours parce que j’étais malade à Arequipa mais j’aurais bien voulu le faire.


-Depuis que je suis arrivée je vois énormément de déchets partout, dans les villes, dans les campagnes. Je pensais pas tomber sur ça dans ce pays qui est très touristique.


-Il y a plein d’hommes qui pissent partout comme ça dans la rue, derrière la portière de leur voiture, ou à peine caché derrière un bus. J’en ai vu plein, ça fait dégueulasse.


-Dans les stations, les employés crient pour les destinations des bus, et toutes les minutes. Et aux arrêts de bus collectifs c’est pareil, il y a souvent un employé dans le bus pour faire payer et annoncer les arrêts. Et ils hurlent! Le plus « chantant » pour l’instant c’est Arequipa Arequipa Arequipa !!!


-Ils n’arrêtent pas de klaxonner tout le temps pour dire bonjour, attention dans les virages, pour les piétons qui traversent, quand ils sont pas contents bref on se croirait en Asie. Et on ne te laisse pas traverser ici, il faut s’imposer!


-Ça m’est arrivé plusieurs fois de me faire dévisager par certaines personnes, comme s’ils n’avaient jamais vu une blonde à la peau blanche !


-C’est le pays où j’ai croisé le plus de français, il y en a partout, et ça fait une semaine que je suis là à peine! 

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