De Ouddorp à Vrouwenpolder

Impressions, sensations, bifurcations, le temps : maître absolu de notre journée. Après le plus copieux des petits déjeuners hollandais servi dans la maison B&B, nous partons sous un ciel bien menaçant, je suis déjà gelée. Le vent nous freine, nous fait lutter pour avancer, malgré nos vitesses, je démarre une prière. Une pluie criblante s'abat sur nous, je suis mouillée jusqu'à ma deuxième couche de vêtements. José a l'air de se régaler : la tête haute il fonce comme si de rien n'était. Alors, je décide d'en faire autant, pas trop le choix. Les éoliennes sont en folie, la digue qui passe des deux côtés de la mer du Nord et sur laquelle nous pédalons sur près de 7 km intensifie ma chair de poule : impressionnant et extraordinaire à la fois. Lorsque je risque une oeillade sur le côté, la mer déchainée agrandit d'énormes remous, formant comme des yeux de cyclope. J'en mène pas large, je me dis que si elle veut, elle peut tout détruire et nous avaler comme de vulgaires poissons, aussi, je me concentre sur le devant, point de clocher à l'horizon,  courage, ça va être long. Je m'évade en pensant à la réalisation par l'Homme de cet exploit sur la mer, c'est gigantesque, surnaturel, incroyable si je ne le voyais pas par moi-même. En bout de digue, nous attendrons un bateau durant 1 heure pour passer sur l'autre rive. Nous faisons la connaissance de plusieurs canadiens qui ont loué des vélos pour : (Amsterdam- Brugge) et que nous allons regarder embarquer et partir sans nous car nos pégase et Gabriel , trop larges ne rentraient pas dans l'embarcation. La pluie, bien entendu, s'intensifie et le détour nous oblige à beaucoup plus de Km : point trop n'en faut. Je claque des dents et pour cette fois c'est José qui remarque un panneau B&B, very expensive, mais les conditions dantesques nous arrêterons là. Je dois dire que, maintenant dans la chambre, je suis heureuse d'avoir vécu ce périple unique, marquant, qui ne peut même pas se raconter; Bravo à nous deux.