Île d’Olkhon

Publiée le 30/08/2019
Une semaine au paradis !

Vendredi 23

Je prend le temps de repos nécessaire et profite de la grâce mâtinée. La dernière nuit dans le train a été courte entre l’insomnie jusqu’à 3h et les ronflements du voisin russe.. 

Je croise Danil qui s’occupe de la maison et il me dit que si j’ai du temps je peux couper de morceaux de bois d’un mètre pour le feu de camp. J’y passe une bonne heure avant d’aller le balader dans la petite ville de Khoujir. Un passage au supermarché et direction la plage. C’est magnifique, l’eau est limpide et je ne résiste pas longtemps, l’idée d’une baignade dans le Lac Baïkal me trotte dans la tête depuis déjà des mois.. un grand bain d’eau douce ! C’est le paradis.. 

Je rentre au camp et je réfléchis à mes plans pour aller visiter l’île à pied, il y a bien des excursions en van jusqu’au nord de l’île mais l’idée de la découvrir à pied et à la vitesse de la marche m’intéresse davantage. 

C’est décidé demain je pars pour le nord de l’île et le Cap Khoboy. 

Ce soir je dormirais dans le tipi, comme ça ma tente sera plié, et je pourrais aller voir le levé du soleil au rocher du Shaman avant de partir pour une grande journée de rando. 

Pour finir la journée j’aide Danil et Vitali à installer des plaques de toitures sur l’entrée de la maison. Un orage est annoncé pour demain soir, et moi je pars avec ma toile de tente comme seul abris... 

Samedi 24

5h20 ! C’est parti, sac sur le dos, direction le lever de soleil. On s’est donné rendez-vous avec Martin, comme ça pas le choix il faut se bouger et sortir du lit. Il y a une dizaine de personnes matinales et autant de chiens qui se baladent et se chamaillent ! 

6h30, je décolle, j’ai comme point de mire le Cap Khoboy qui est à 43km par la piste. Mais je compte bien éviter de marcher dans la poussière des fourgonnettes de touristes. 

Je profite, j’essaye de passer par toutes les pointes pour admirer le paysage, et contempler le chemin parcouru. 

J’utilise l’application Maps.me, qui fonctionne hors connexion après avoir téléchargé la carte au préalable évidemment. J’ai repéré une plage avec un point de camping possible sur la carte à une dizaine de kilomètres de Cap Khoboy, ça sera parfait pour ce soir. 

39km à la montre, ça suffira pour aujourd’hui, j’étais en pleine forme, la beauté des paysages vous fait oublier la distance et la dépense d’énergie, vous voulez en voir davantage et vous avancez sans vous rendre compte de la fatigue. Après avoir aperçu un renard au pelage pale, comme ceux que l’on peut voir dans la neige en documentaire, je découvre le spot de bivouac. C’est parfait, un bain une table et un espace pour le feu, avec vue sur le coucher de soleil. Il y a bien une petite plage mais 20m en contrebas, la descente n’est pas toute tracé mais largement faisable. Et je n’ai pas le choix il me faut de l’eau pour les nouilles chinoises et un brin de toilette avant de glisser dans mon sac de couchage. Je pensais profiter de l’eau mais c’était sans compte sur la orde de moustiques qui m’attaquent dès mon arrivé. Je n’avais encore jamais vu ça, je me fais piquer de partout, il m’aura fallut 4min pour remplir mes 3 gourdes et me laver un record ! 

Place au repas, la bouteille de gaz est quasi vide donc je l’économise car tout est disponible pour le feu de camp. Je réussi à faire chauffer mon eau avec quelques morceaux de braises, les nouilles sont chaudes, je déguste devant un magnifique coucher de soleil. C’est calme, je n’entend que les crépitements du feu et les grillons, je suis seul et mon premier voisin est sûrement à plusieurs kilomètres d’ici...

Puis l’orage arrive, avec son averse, je me met à l’abris et compte le nombre de secondes entre l’éclair et le grondement du tonnerre.. la pluie cesse mais les éclairs continuent de tomber. J’ouvre ma tente et je profite du spectacle. C’est magique, il fait nuit noir et les éclairs illuminent le lac sous mes yeux pendant une fraction de seconde, ce qui donne une image brève mais intense.. le calme revient et m’emporte dans un sommeil profond..

Dimanche 25

Je replie tout mon matériel, je boucle mon sac, et je pars direction le Cap Khoboy, c’est l’excursion la plus connu sur l’île. Je dirais qu’il y a pas loin d’une cinquantaine de fourgonnettes d’excursions qui passent au Cap dans la journée.

Et il y a forcément une seule piste principale pour le rejoindre alors imaginer le défiler. Je suis obligé de me ranger pour les laisser passer. Les touristes me regardent d’un air surpris et étonné de voir un marcheur ici. C’est vrai que je n’en croise pas beaucoup mais il y a bien quelques téméraires à pieds ou à vélo.

C’est tellement plus agréable, je suis beaucoup plus proche de la nature. J’évite d’écraser des sauterelles à chaque pas, je croise des vaches qui se tordent le cou pour suivre mon passage. Et j’aperçois des chevaux craintifs que seul un marcheur peut voir d’aussi près. Je profite, je ne ferais « que » 25km aujourd’hui donc je prend le temps de prendre quelques photos et vidéo. J’essayerais de me mettre au montage pour créer un petit film de ces quelques jours de randonnées.

Je passe par tous les points de vue sur mon chemin, je grimpe sur chaque sommet de colline pour observer le lac sous tous les angles possibles.

Et je rejoins mon point d’arrivé, Uzuri, un petit hameau d’une vingtaine de baraquement. Une plage de galet et un espace camping. Je m’installe et prépare de quoi allumer du feu. Mais c’est peine perdu, l’averse qui m’a accueilli à 1km de l’arrivé à rendu le bois trop humide, rien ne prend. Je n’aurais pas de repas chaud ce soir, je taperais dans les réserves de pain, saucisson et fromage du midi.

Ce n’est pas bien grave puisque demain je suis de retour à Khoujir.

Entre temps je rencontre un québécois, Mario, il traine à côté de mon campement quand je reviens de ma toilette au lac. Je me demande bien ce qu’il fabrique près de mon campement à scruter le sol. En fait il cherche une pièce d’échec, le fou, comme par hasard, perdu dans l’après-midi juste avant l’averse. Ils ont ramassé en vitesse et ce n’est qu’une fois rentré à leur logement qu’ils s’en sont rendus compte.

Nous discutons tout en cherchant le fou comme des fous, mais nos recherches n’auront pas de succès. Ils voyagent en famille pendant 2 mois en Russie, parti du Kamchatka ils remontent jusqu’à St Pétersbourg en avion et en train. Ça nous fait plaisir à tous les deux de discuter dans notre langue natale.

Et entendre parler un québécois c’est toujours un plaisir pour les oreilles, leurs accents chantent est calme, il respire le voyage et la tranquillité. Je mange à l’abris des moustiques dans ma tente et je ne traîne pas à m’endormir, demain j’ai 31km pour rentrer à Khoujir. 

Lundi 26

Je prend la piste là plus direct, et traverse l’île pour retrouver la côte ouest. Après 31km j’arrive sur la grande plage de Khoujir, j’avais déjà remarqué que plusieurs campement s’installaient sur la plage près des pins. Je n’ai pas très envie de retourner au campement, moi aussi je veux vivre sur la plage.

Le magasin est à 1km, il y a un toilette mobile à 300m, j’ai l’eau douce du lac pour boire et faire ma toilette, et j’ai mon panneau solaire offert pour mon départ par mes collègues du collège à Paris. Alors je peux rester en autonomie sur la plage sans soucis. Le camp avec la maison c’est sympa, mais c’est la fin de la saison, les voyageurs sont repartis et je me sens un peu le seul touriste au milieu des habitués qui sont là tout l’été voir toute l’année.

Alors je trouve l’espace parfait pour m’installer et je m’octroie une journée de repos avant de repartir pour un aller retour et une nuit sur un autre site de bivouac au sud-est de l’île. 

Je profite de la soirée pour le faire un petit apéro et tester une bière russe. Le vent se lève et je commence à me rendre compte que mon emplacement n’est pas le meilleur, je me retrouve entre deux dunes dans un courant d’air et trop proche du lac. Tant pis, ce n’est pas ça qui va m’empêcher de dormir.. 

Mardi 27

Un réveil pipi à 5h et là, surprise, le ciel est magnifique, c’est le lever du soleil, les couleurs sont incroyables.

Je profite un peu mais le froid me rappel que mon sac de couchage n’est pas loin. Je retourne au chaud et profite d’une grâce matinée.

En voyage, pour moi, il faut savoir se donner du temps pour se poser, et « ne rien faire », on vit à 100 à l’heure et ce n’est pas un voyage de 1, 2 ou 3 semaines où il faut profiter à fond avant de rentrer. Dans ce long voyage, je veux voir un maximum de chose, mais je veux aussi prendre le temps de vivre, faire comme si j’habitais sur les lieux pendant un temps.

Et le calme du Lac Baïkal se prête très bien au jeu. Je prend le temps d’une journée pour vivre sur la plage.

Je commence à préparer ma future destination, mon trajet jusqu’en Mongolie, mon itinéraire sur place, les lieux que je souhaite visiter, prendre contacte avec d’éventuels compagnons de voyage pour partager les frais d’excursions...

Et je prépare à nouveau un feu pour les nouilles du soir, et me retrouve une nouvelle fois devant un somptueux coucher de soleil. Le vent qui a soufflé toute la journée se calme est laisse place au silence. 

Je me prépare pour une bonne nuit de sommeil avant les 20km de demain direction un nouveau spot de bivouac où la vue sur le lac est paraît-il très sympa.. 

Mercredi 28

Je ne suis pas très matinale, je plie temps bien que mal mon matériel, je ne veux pas emmener de sable avec moi. Oui mais le sable se glisse partout.. alors je joue les maniques et me démène pour éviter d’emporter le moindre gramme de sable inutile.. Quand vous portez votre sac de 15-17kg avec l’eau et la bouffe toute la journée sur 20 à 40 vous faites vite attention aux choses inutiles. Je veux bien ramasser régulièrement des déchets sur mon chemins mais je ne compte pas revenir avec un bocal de sable de chaque plage que je vais rencontrer. 

Je traverse les collines pour me rendre de l’autre côté de l’île. Et j’en profite pour monter au point de vue et admirer la ville de Khoujir. Et je retrouve enfin le lac de l’autre côté, avec un très beau spot de bivouac. Personnes à l’horizon, vais-je passer la soirée en solitaire ?! 

Une moto arrive, un russe, non un biélorusse, de Minsk, qui voyage à moto. Il ne parle pas anglais, je lui fait comprendre que je ne parle pas russe alors je sors Google traduction mon fidèle ami. Il ne compte pas rester dormir ici ce soir mais il sort son réchaud pour m’offrir le café. Parfait je viens de finir mon déjeuner. Il me sort une boîte de conserve, et me traduit « Porridge avec de la viande ». Je ne comprend pas si il veut que je l’ouvre ou si il me l’offre. Ça sera finalement un cadeau.. je n’ai même pas d’ouvre boîte.. cadeau empoissonné, je n’ai pas de moto pour porter des boîtes de conserve moi.. ! D’ailleurs il est sur le départ, il enfourche sa moto après un petit selfie souvenir et repart par un chemin parallèle. Quelque chose me dit que je vais le revoir passé celui là.. si j’ai bien observé quand je suis arrivé cette voie est un cul de sac. Et en effet le revoilà.. “salut” ! Quand je vous dis que la marche est évidement la meilleure vitesse de voyage pour observer la nature qui nous entoure.. haha ! 

Me revoilà tout seul avec le lac est les oiseaux, ainsi qu’un écureuil qui joue à cache cache ! 

Je vous avoue avoir un peu le cafard ce soir là, sans réseau pour communiquer je suis bien seul, et je me découvre encore un peu. Je sais désormais que je ne suis pas un vrai solitaire, je voyage solo dans le but de faire des rencontres, et non dans le but de m’isoler dans un coin retrancher de la civilisation.. 

Une voiture approche, vais-je avoir des voisins pour la nuit ? Toujours pas, deux russes en balade remplissent leurs bidons au lac avec leur musique et repartent. 

Le silence est de retour un silence de cathédrale j’entends tout ce qui m’entourent, le vent dans les arbres, les mouches et moustiques, les battements d’ailes des oiseaux qui passent au dessus de ma tente... c’est tantôt apaisant tantôt angoissant.. parfois il m’arrive de taper un coup sur ma tente quand mon imagination se met à croire qu’un animal s’approche.. haha ! 

La solitude et l’absence de réseau me permet de trouver plus d’inspiration pour vous écrire. Alors vous devinerez facilement, pour les prochaines étapes, à la longueur des articles si je me suis retrouvé seul ou si j’ai fait de belle rencontre.. 

Jeudi 29

Réveil très calme, il n’y a pas un bruit, je range tranquillement et je prends la piste pour rentrer à Khoujir et retrouver la plage pour deux dernières nuits sur l’île.. 

Je profite du soleil dans le dos pour brancher GoPro, portable et batterie externe sur le panneau solaire, ça charge à bloc c’est génial ! 

La marche en solitaire c’est aussi un grand moment de réflexion, mes pensées commencent par imaginer et organiser la suite de mon voyage. Je pense aux différentes choses que je dois préparer, les billets de train, de bus pour rejoindre la Mongolie. Puis mes pensées divagues dans tous les sens, et bien souvent c’est la nature qui me réveille.

Comme ce matin là, je suis dans mes pensées quand tout d’un coup une vingtaine de chevaux apparaissent sous mes yeux et se dirige vers moi sur le sentier. Ils sont beaucoup moins craintif que le dernier troupeaux. Je m’arrête et je dégaine la GoPro, il s’écarte du chemin pour m’éviter. Je profite du moment en laissant la caméra faire le job. Je suis émerveillé, des frissons le parcours le corps, un « wouuah » sort du fond des tripes.. Je suis subjugué par la beauté de ce moment ! 

Je suis sortie de mes pensées un instant, mais je ne sais plus vraiment si la nature m’a réveillé ou m’a plongé dans un rêve.. 

Et un peu plus loin je me fais surprendre et je sursaute lorsqu’un aigle décide de prendre son envole juste avant mon passage... 

Je retrouve le point de vue sur la ville de Khoujir au moment du pique nique. Je prends quelques forces pour les 5 derniers kilomètres. 

Je passe au camp remercié Danil et Viktor pour leurs conseils sur les itinéraires possibles sur l’île. Et je décide d’aller camper sur la plage pour être au plus près du lac et profiter des derniers instants. 

J’aurais donc parcourus pas loin de 140km à pied sur l’île d’Olkhon en 5 jours de marche, ce qui m’a permis de vraiment m’immerger des paysages et de la nature autour du Lac Baïkal. 

Mes voisins de camping sauvage sont partis, j’en profite pour m’installer sur leur camp qui est plus à l’abri du vent et ils ont même laissé une chaise pliante, je vais être penard demain.

Je me sens fort ce soir, je vais tester mon estomac et mon mental sur le « porridge à la viande » offert par le motard biélorusse. Il est trop tard pour s’embêter à faire un feu, je vais le manger froid, le défi sera encore plus relevé ! 

Et bah c’est bien parce qu’on m’a appris à ne jamais faire de gâchis (merci papa merci maman ?) que j’ai réussi à finir cette conserve tant bien que mal.. c’était de la viande avec du blé. Vraiment pas fameux.

Un carré de chocolat pour faire passer tout ça et au lit, enfin matelas et sac de couchage.. 

Vendredi 30

Le jour de lève sur le lac baikal, les oiseaux chantent et le vent frappe à la porte pour faire pénétrer un peu de fraîcheur dans ma tente. Le programme est simple, petite journée de repos pour profiter de la tranquillité des lieux. Je fais du trie dans les photos et vidéos, et je commence à travailler sur un montage vidéo mais je risque d’y passer des heures pour ce première essaie. Et je n’ai pas d’ordinateur donc tout monter au portable ça risque d’être la galère pour le petit débutant que je suis. 

Un chien errant vient me réveiller de la sieste. Il se pose face à ma tente et s’assoupit lui aussi. Je me pose sur ma chaise pliante comme un papy du camping sauf que je n’ai pas les mots croisés, je galère encore avec mes vidéos... Et j’aperçois des futurs voisins débarqués, il en fallait pas plus pour que mon chien de garde sorte de sa sieste pour leur aboyer dessus.. j’essaye de le faire taire.. « dis oh je passe pour qui moi avec tes aboiements.. » a priori il ne comprend pas le français et recommence sur de nouveaux passants, mais cette fois ci il décide de les suivre et je ne le reverrais plus. Bon chien de garde, mais pas très fidèle ! Sûrement parce que je n’ai pas partagé mon goûté avec lui, mais bon j’ai trouvé la meilleure pâte à tartiner de Russie avec des petits donuts sucrés alors il pouvait bien aller se brosser... 

Une dernière baignade dans l’eau fraîche du Baikal, 18 degrés. Et un dernier couché de soleil sur le lac. 

Résumé en vidéo des quelques jours de rando sur l’ile

5 jours et 140km parcourus à travers l’ile. 

1 commentaire

Guylainebernard

génial , on voyage avec toi ?
BISOU ? mam et pap

  • il y a 5 ans
2 Voyages | 113 Étapes
Olkhon, Oblast d'Irkoutsk, Russie
30e jour (23/08/2019)
Étape du voyage
Début du voyage : 25/07/2019
Liste des étapes

Partagez sur les réseaux sociaux