ETAPE 00 - Prologo - Prologue

Publiée le 29/05/2022
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Nia unua vojaĝtago estas iom stranga pro tio, ke ni veturis... multe pli per buso ol per biciklo.

La kialo estas simpla. Inter Kaeno (Caen) kaj Havro (Le Havre), vi devas transiri Sejnon.

Trapasinta Pays d'Auge - la fromaĝolandon -, vi povas veturi sur Ponto de Normandio (Pont de Normandie). Gi estas du kilometrojn longa, kaj superas la riveron ĉirkaŭ 60 metrojn alte. Malgranda bicikla vojo, apartigas la biciklotrafikon kaj la aŭtotrafikon, laŭ piedira vojo sekurigita per betona mureto. Dimanĉe, veturiloj preterpasas vin je 70 km/h, 90 km/h dum labortagoj. Tio estas timega !

Tiu, kiu ne intencas endanĝerigi sian vivon, povas devojiĝi orienten, enŝipiĝi la senpagan pramon, kiu ligas Quillebeuf al Port-Jérôme, poste reveni al Havro laŭirante la dekstran bordon de la rivero. Bicikle, ĝi estas preskaŭ 60 kilometra elvojiro.

Vi povas - kaj tion ni faris - uzi la buson, kiu ligas Kaenon kaj Havron (tra Honfleur). Post rezervado, ĝi transportas biciklojn sen plia kosto.

Post tagmanĝo, la pordon riglita, ni surseliĝas. 

Ek al la biciklado ! La vojaĝo komenciĝas.

Elirinte el Kaeno je la komenco de la posttagmezo, ni planis atingi Havron iom malpli ol du horojn poste. Verdire hodiaŭ, ni estus povintaj transiri Sejnon bicikle : la aŭtomobiloj veturis tre malrapide pro trafikstopiĝo. Multaj homoj estis reirantaj al sia domo post semajfino de la Ĉieliro. Ni alvenis Havron je 17:30 anstataŭ 16:15 ! 

La buso lasas nin ĉe la kajoj, proksime de la dokoj.

Apenaŭ kelkajn metrojn de tie, kajo Kolber, (Quai Colbert) staras la statuo de Jules Durand, kiu memorigas lian martiron.

Ĉi tie, en 1910, dokistoj strikis por postuli salajraltigojn kaj por denunci siajn terurajn laborkondiĉojn. 

Sur la kajoj, dum interbatiĝo de ebriuloj, estis mortigita la submastro Jules Dongé. La estraro de la transatlantika kompanio tuj akuzis maljuste la sindikiston Jules Durand, kvankam oni tute sciis, ke li estas senkulpa.

Lia advokato, Jules Coty - kiu poste fariĝos prezidanto de la respubliko - pruvis, ke la atestantoj estis mensogantaj, la sindikatisto estis tamen mortkondamnita la 25-an de novembron. Kondamnita verdire nur pro siaj ideoj.

Manifestacioj organizitaj en la tuta lando kaj eĉ eksterlande, akiris lian liberigon en 1911, sed, Jules Durand tiom suferis pro maljusteco, ke li freneziĝis en malliberejo, pro - ni komprenas - persekuta deliro. Li estis internigita en la psikiatrian hospitalon de Sotteville-les-Rouen, kie li mortis en 1926. Li eĉ neniam sciis, ke li estis senkulpigita ok jarojn pli frue. 

Pro nia malfrua alveno, ni ne prenis la tempon por promeni en la urbocentro, enlistigita de Unesko en la listo de monda heredaĵo en 2005.

Ni ne revidis la tiom belan preĝejon Saint-Joseph, ĝian lanternturon, kiu kulminas je 107 metroj alte kaj ĝiajn 6 500 vitralojn, kiuj ŝajnas skulpti la lumon.

Ĉi tie regas la betono de Auguste Perret : kruda, kolorigita, martelita, lavita, skrapita, sablita, trafosita... La arĥitekto kunigas modernajn antaŭfabrikitajn kaj normigitajn elementojn kun klasikaj elementoj : kolonoj, kapiteloj, entablementoj, kornicoj... La verko estas konfuzanta kaj surprizeginta.

Ĉar ni vojaĝas en Esperantujo, ni decidis viziti kiel eble plej multe da ZEOj. Tio estas kiel trezorĉasado ludo. Ekzistas Zamenhof-strato en Havro, en la kvartalo Sanvic. Do ni iris tien. Estas modesta sed postulema ĉirkaŭvojo : ĝi daŭras malpli ol 5 kilometroj, sed la trato estas en la plej alta parto de la urbo ; la vojo krute supreniras.

Philippe kaj Isabelle, kiujn ni renkontis pasintjare rande de la kanalo de Bruche (Canal de la Bruche) apud Strasburgo (Strasbourg), bonvenigas nin denove hejme. Ni pasigis la lastan semajnfinon kune en Giberville, ili jam alportis per aŭto en Havron la plej pezajn el niajn pakaĵojn, tiel ke ni veturu hodiaŭ kun malpezaj sakoj. Estas amike !

Ponto de Normadio. - Le Pont de Normandie.
Trafikstopiĝo... Ĉu pli rapide bicikli ? Bouchon... A vélo, irait-on plus vite ?
Ĉi-tie Sejno ĵetas sin en la maron. La Seine se jette ici à la mer.
Sufiĉas trairi la ponton... Il suffit de passer le pont...
La statuo de Jules Durand. La statue de Jules Durand.
Havro vidita de supre. Le Havre du d'en haut.
La unua ZEO. ZEO n°1.

Notre première journée de voyage a ceci d’étrange que nous aurons parcouru... beaucoup plus de kilomètres en car qu’à vélo.

La raison en est simple. Entre Caen et Le Havre, il faut franchir la Seine. 

On peut, après avoir traversé le Pays d'Auge - le pays du fromage - , emprunter le Pont de Normandie, sur plus de deux kilomètres, à 60 mètres au-dessus du fleuve. Une bande étroite sépare le cycliste de la circulation automobile, le long d'une voie piétonne matérialisée par un muret en béton. Le dimanche, les véhicules, voitures et camions vous dépassent à 70 km/h, à 90 km/h en semaine. Disons-le, c'est effrayant !

Ceux qui n'entendent pas exposer leur vie de la sorte peuvent faire un détour à l'est, emprunter le bac gratuit qui relie Quillebeuf à Port-Jérôme, puis revenir au Havre par la rive droite du fleuve. À vélo, c'est un détour de près de 60 kilomètres.

On peut - et ce que nous avons fait - emprunter le bus qui relie Caen à Le Havre via Honfleur. Sur réservation, il transporte gratuitement les vélos.

Le repas pris, la maison fermée, nous nous mettons en selle. En route ! Le voyage commence. 

Partis en début d'après-midi de Caen, nous aurions dû arriver au Havre un peu moins de deux heures plus tard. En fait, aujourd'hui, nous aurions pu emprunter le Pont pour traverser la Seine : les automobiles roulaient au pas, à cause des bouchons. De nombreux vacanciers rentraient après le week-end de l’Ascension. Nous sommes arrivés à Le Havre à 17 heures 30 au lieu de 16 heures 15. 

Le bus nous dépose sur les quais, près des docks.

A quelques mètres de là, sur le quai Colbert, se dresse la statue qui commémore le martyre de Jules Durand.

En 1910, les dockers ici se sont mis en grève pour réclamer des augmentations de salaire et dénoncer leurs conditions de travail indignes.

En marge des manifestations, Jules Dongé, un contremaître, est tué sur les quais lors d'une rixe d’ivrognes. Bien qu’il soit absolument innocent, le syndicaliste Jules Durand est immédiatement accusé du meurtre par le conseil d'administration de la compagnie transatlantique. Son avocat, Jules Coty – le futur président de la République – prouve pendant le procès que les témoins mentent. 

Le syndicaliste est néanmoins condamné à mort le 25 novembre. Condamné en fait pour ses idées.

Des manifestations organisées dans tout le pays et même à l'étranger, obtiennent sa libération en 1911. Mais, victime de tant d'injustices, Jules Durand est devenu fou en prison, victime – on comprend – d’un complexe de persécution. Admis à l'hôpital psychiatrique de Sotteville-les-Rouen, il y meurt en 1926 sans même savoir qu'il a été acquitté huit ans plus tôt.

A cause de notre arrivée tardive, nous n'avons pas pris le temps de déambuler un peu dans le centre-ville, inscrit sur la liste du patrimoine mondial par l’UNESCO en 2005. 

Nous n'avons pas revu l‘église Saint-Joseph, sa tour lanterne qui culmine à 107 mètres de haut et ses 6.500 vitraux qui sculptent la lumière. 

Le béton d'Auguste Perret règne ici : brut, coloré, bouchardé, lavé, gratté, poncé, ajouré… L'architecte combine des éléments modernes préfabriqués et standardisés aux éléments classiques : colonnes, chapiteaux, entablements, corniches... L'œuvre est déroutante et époustouflante.

Puisque nous voyageons en Espérantie, nous avons décidé de passer par autant de ZEOs que possible (ZEO est l’acronyme de « Zamenhofa aŭ Esperanta Objekto » et désigne un monument ou un lieu dédié à l’espéranto ou à la mémoire de son créateur, Louis Lazare Zamenhof). 

Notre chasse au trésor en somme. 

Il y a à Le Havre une rue Zamenhof, dans le quartier de Sanvic. Nous y sommes donc allés. Le détour modeste mais exigeant : le parcours fait un peu moins de 5 kilomètres, mais la rue est située dans la partie la plus haute de la ville ; l'itinéraire qui y mène monte fortement.

Philippe et Isabelle, que nous avions rencontrés l'an dernier sur les bords du Canal de la Bruche près de Strasbourg, nous accueillent cette fois encore. Nous avions passé le weekend dernier ensemble à Giberville, ils avaient pris en charge les plus volumineux de nos bagages pour les acheminer en voiture à Le Havre, de sorte que nous voyagions léger dans le bus. Sympa !

1 commentaire

andrepierre

Rendons à Jules ce qui appartient à César ... Dans l'affaire Jules Durand, le contremaître Dongé se prénomme Louis et l'avocat-futur président c'est René Coty ...

  • il y a 2 ans
3 Voyages | 233 Étapes
35 Rue de Trigauville, Le Havre, France
1e jour (29/05/2022)
Liste des étapes

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