07. Gand. Gent. Gento.

Publiée le 09/06/2022
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Notre séjour chez Thomas a été des plus agréables. Nous y avons pratiqué l'espéranto en situation réelle et nous avons l'impression d'avoir progressé. Nous avons cependant aussi utilisé le français puisque Thomas le parle et que nous manquons encore de vocabulaire. Plus nous avancerons dans notre voyage, moins il est probable que nous rencontrions des espérantistes qui soient aussi francophones. La difficulté nous obligera à la progression.


Thomas a eu la gentillesse de prendre le temps ce matin de nous faire visiter rapidement Bruges. On ne saurait en voir en quelques heures toutes les merveilles tant elles sont nombreuses. Certaines sont cachées que Thomas qui a toujours vécu ici connaît et nous fait découvrir par un itinéraire qui nous mène rapidement d'un point à l'autre. Il faudrait rester ici des jours.

Il nous accompagne encore ensuite pendant une dizaine de kilomètres jusqu'à Damme où nous nous quittons.

Nous y faisons halte. C'est la ville natale Till l'Espiègle, le héros du beau roman de Charles de Coster, l'écrivain flamand francophone. S'il était un livre et un seul que je devais emmener sur quelque île déserte ou en exil, ce serait assurément celui là.

« À Damme, en Flandre, quand mai ouvrait leurs fleurs aux aubépines, naquit Ulenspiegel, fils de Claes. 

Une commère sage-femme et nommée Katheline l’enveloppa de langes chauds et, lui ayant regardé la tête, y montra une peau. 

— Coiffé, né sous une bonne étoile ! dit-elle joyeusement. 

(...)

Puis l’aube creva les nuages nocturnes, les hirondelles rasèrent en criant les prairies et le soleil montra pourpre à l’horizon sa face éblouiſſante. »

C'est toute une langue réinventée, tout un univers créé, toute une férie flamboyante que le texte de de Coster. Le livre, drôle et émouvant, vaut mieux, beaucoup mieux selon moi que le film. 

Il mérite d'être (re)découvert.

Nous prenons notre repas à quelques pas de la belle statue de Nelle, l'amie de Till, qui, face au moulin, attend, l'attend sans doute.


La journée de vélo est ensuite facile. Il suffit de suivre les canaux par les chemins de halage : le plus souvent l'une des deux routes qui, de part et d'autre du canal, le longent, est exclusivement réservée aux piétons, aux cyclistes et aux riverains, peu nombreux.

Il en est ainsi en Belgique : on peut faire soixante-dix kilomètres – septante -, tranquillement, sans presque croiser une seule voiture, sur des voies larges, sécurisées, entretenues, signalées, équipées de bancs et de tables à intervalles réguliers. 

Quand nous arrivons à Gand, nous y croisons bien plus de cyclistes que d'automobilistes. Un panneau lumineux installé sur le bord de la route que nous empruntons indique que plus d'un million de cyclistes sont passés là depuis le début de l'année... nous sommes à la mi-juin, pas même à la moitié.

On voit à Gand beaucoup de « Fietsstraat », de rues cyclistes. La vitesse des automobiles y est limitée à 30 kilomètres à l'heure et elle n'ont en aucun le droit de doubler les vélos. Elles attendent derrière, c'est tout et cela se fait sans que les automobilistes, habitués, ne manifestent la moindre impatience. Toutes les rues à sens unique admettent les cyclistes à contre-sens. Si des travaux interrompent la piste, une déviation est systématiquement mise en place. Beaucoup de carrefours dont équipés d'un passage souterrain pour les vélos. Les parcs de stationnement sont nombreux (mais visiblement en nombre encore insuffisant). Sur la toute petite place où j'écris ce texte, j'en vois douze qui sont garés. 

C'est un autre état d'esprit. Tous les élèves semblent se rendre à l'école à vélo, à en croire le nombre que nous croisons à l'heure de la sortie des classes. Les personnes âgées ne sont pas en reste. Le vélo sert à tout et à tous. A se déplacer, à transporter les enfants, à faire les courses. 

Thomas me disait ce matin : «Quand les cyclistes ici demandent la création d'un mètre de piste cyclable, on leur en propose généralement deux ».

Le résultat est là, la ville est agréable, apaisée. 

Visite guidée de Brugge avec Thomas. Thomas ĉiĉeronas en Bruĝo.
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Le canal de Brugge à Damme. La kanalo inter Bruĝo kaj Damme.
Nelle à Damme. Nelle en Damme.
Le canal entre Damme et Gand. La kanalo inter Damme en Gento.
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Route cycliste. Bicikla strato. Fietsstraat.
Plus d'un million de cyclistes sont passés ici cette année, plus de cinq mille aujourd'hui
Gand. Gento. Ghent.

Nia restado kun Tomaso estis tre agrabla. Ni praktikis Esperanton en vera situacio. Ŝajnas al ni, ke ni progresis. Tamen ni ankaŭ uzis la francan ĉar Tomaso parolas ĝin kaj ankoraŭ mankas al ni vortprovizo. Ju pli ni antaŭeniras en nia vojaĝo, des malpli ni renkontos esperantistojn kiuj sciparolas la francan. La malfacileco devigos nin progresi.


Thomas afable prenis la tempon hodiaŭ matene por ke ni kune rapide vizitis Bruĝon. Ni ne povis kompreneble vidi ĉiujn mirindaĵojn en kelkaj horoj ĉar ili estas multnombraj. Kelkaj estas kaŝitaj, ke Tomaso, kiu ĉiam loĝis ĉi tie, konas kaj igas nin malkovri per itinero, kiu kondukas nin rapide de unu punkto al alia. Ni devus resti ĉi tie dum tagoj.


Li ankoraŭ akompanas nin dum ĉirkaŭ dek kilometroj ĝis Damme, kie ni disiĝas.

Ni haltas tie. Ĝi estas la naskiĝurbp de Till Uylenspiegel, la heroo de la tiom bela romano de Charles de Coster, la franclingva flandra verkisto. Se estus libro kaj nur unu, kiun mi devus kunporti al iu dezerta insulo aŭ en ekzilo, certe estus ĉi tiu.

“Ĉe Damme, en Flandrio, kiam majo malfermis iliajn kratagajn florojn, naskiĝis Ulenspiegel, filo de Claes.

Akuŝistino klaĉista, kiu nomiĝis Katheline, envolvis lin en varmajn vindaĵojn kaj, rigardinte lian kapon, montris haŭton tie.

-Li havas kufon, li naskas sub bonŝanca stelo ! ŝi diris feliĉe.

(...)

Tiam tagiĝo disrompis la noktajn nubojn, la hirundoj nealte superpurigis la herbejojn plorante, kaj la suno montris sian n purpura brilan vizaĝon al la horizonto. »

La teksto de de Coster estas tute reinventita lingvo, tute kreita universo, tute ekstravaganca magio kiu. La libro, amuza kaj kortuŝa, estas pli bona, multe pli bona laŭ mi ol la filmo.

Ĝi meritas esti (re)malkovrita.

Ni tagmanĝis kelkajn paŝojn for de la bela statuo de Nelle, la koramikino de Till. Antaŭ la muelejo, ŝi atendas, sendube estas lin, ke ŝi atendas.

La biciklado estas ĉi-tie facila. Nur sekvu la tirvojoj apud la kanalojn : plej ofte unu el la du vojoj, kiuj ambaŭflankas la kanalon, estas ekskluzive rezervita por piedirantoj, biciklantoj kaj por la malmultaj lokaj loĝantoj.

Tiel estas Belgio: oni povas trairi sepdek kilometrojn, trankvile, preskaŭ sen renkonti eĉ unu aŭton, sur larĝaj, sekuraj, prizorgataj, markitaj vojoj, ekipitaj per benkoj kaj tabloj je regula intervalo.

Kiam ni alvenas en Gento, ni renkontas tie multe pli da biciklantoj ol motoristoj. Luma panelo instalita ĉe la rando de la vojo indikas, ke pli ol miliono da biciklantoj pasis tie ekde la komenco de la jaro... ni estas meze de junio. Eĉ ne estas duono de la jaro.

Ni vidas en Gento multajn “Fietsstraat”, biciklajn stratojn. La rapido de aŭtoj estas limigita al 30 kilometroj hore kaj ili ne rajtas preterpasi biciklojn. Ili atendas malantaŭe. Jen ĉio. Tiel faras la aŭtistoj. Ili estas alkutimiĝintaj ; ili ne senpaciencas. Ĉiuj unudirektaj stratoj akceptas biciklantojn biciklante al la alia direkto. Se laboro interrompas la trakon, ciam oni proponas ĉalternativan vojon. Multaj vojkruciĝoj estas ekipitaj per subpasejo por bicikloj. Estas multaj parkejoj (sed tamen mankas kelkajn). Sur la tre malgranda placo, kie mi skribas ĉi tiun tekston, mi vidas dek du biciklojn, kiuj estas parkumitaj.

Tie estas alia animstato. Ĉiuj studentoj ŝajnas bicikli al lernejo, laŭ la nombro el ili kiun mi vidas, je la horo de la fino de la lernotago. La maljunuloj ankaŭ biciklas. La biciklo estas utila por ĉio kaj ĉiuj : movi de unu loko al la alia, transporti la infanojn, butikumi.

Tomaso diris al mi ĉi-matene: "Kiam biciklantoj ĉi tie petas la kreadon de unu metro da biciklovojo, ili plejofte estas propitaj  du metrojn".

La rezulto estas tiu : la urbo estas agrabla, paca.

1 commentaire

ClaudineMichel

Complètement d'accord avec Bertrand et Véronique sur le bonheur de rouler en vélo en Belgique et dans les villes . ( idem aux Pays Bas , au Danemark , en Allemagne , en ce qui concerne notre expérience ) Je crois que la culture du vélo et le comportement des automobilistes à l'égard du vélo est dans leurs gènes . C'est tout simplement génial .

  • il y a 2 ans
4 Voyages | 233 Étapes
Ghent, Belgique
12e jour (09/06/2022)
Liste des étapes

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