29. Alrum

Publiée le 06/07/2022
.

.

Lande ? Ça vous a des airs de Bretagne incongrus ici. Garrigue ? Ça fait Provence, ça fait Giono. Steppe ? Trop russe, assurément. Désert ? De Gobi, du Hoggar ? Non plus.

Paradis, c'est finalement le mot qui convient le mieux pour décrire notre itinéraire du jour.

Nous roulons dans la dune. Pendant plus de 30 kilomètres.

Ça monte et descend, toujours un peu, jamais longtemps, jamais beaucoup. La piste est de gravier ou de sable compacté. Notre vitesse est modérée sans qu'on sache si c'est à cause du revêtement, du vent, toujours fort, ou de nos p'tits mollets qui ne le seraient pas assez.

Ça tourne aussi, un peu, jamais vraiment. Mais ça vous change des longues lignes droites des jours derniers. C'est d'autant plus curieux que, dans la dune, rien ne ces virages nécessaires.

Le plus souvent, nous sommes seuls. Un monde à nous. A partager peut-être avec quelques autres cyclistes ou avec les chiens qui promènent leur maître.

De loin, tout est gris-vert, uniformément gris-vert. Mais c'est une illusion, un mirage. L'apparence est trompeuse, elle cache une biodiversité insoupçonnable. Il y a ici les oyats et la bruyère bien sûr qui dominent mais aussi des fougères, du chèvrefeuille, des églantines roses, blanches, pourpres. Toutes les couleurs y sont. Il faudrait pouvoir les photographier mais pour cela il faudrait être un photographe expert, tant les nuances sont.subtiles.

Vous l'aurez compris. Nous avons passé une journée merveilleuse. Assurément la plus belle depuis notre départ ; peut-être même l'une des plus belles depuis que nous voyageons à vélo. Le paysage d'aujourd'hui suffirait à lui seul à justifier le voyage.

On les envie tous ces gens qui habitent l'une des petites maisons basses cachées dans la dune. Quelques-une sont habitées de façon permanente, la plupart cependant semblent être des résidences secondaires, dont les occupants, propriétaires ou locataires, sont le plus souvent des Allemands. Il reste que nous voyons le paysage sous le soleil, certes parfois éclipsé par quelques nuages, mais par une météo cependant agréable. Sous le ciel sombre de l'hiver, sous la pluie et dans le froid, il doit apparaître tout autre, ne dévoilant son charme qu'à ceux qui le conquièrent.

Après ces moments parfaits, inoubliables, à rouler entre la mer et le fjord de Ringkøbing, nous atteignons Hvide Sande où nous faisons quelques courses. Ce soir encore, nous dormirons à mille lieues de tout.

On retourne à la dune, pour quelques kilomètres encore, jusqu'à la ville – touristique et commerçante – de Søndervig.

Le vent de dos cette fois, nous roulons à près de 30 kilomètres à l'heure sur une route de campagne déserte, toujours cap au nord, jusqu'au fjord de Stadil.

Nous rejoignons le shelter que nous avons réservé – bien inutilement car nous sommes visiblement seuls à avoir l'intention d'y passer la nuit.

Le camping sauvage est interdit au Danemark mais en revanche on trouve un peu partout de ces shelters (le mot veut dire abri). Ce sont des bivouacs aménagés mis à disposition par les collectivités gratuitement (ce qui n'est pas rien compte tenu du coût de la vie exorbitant ici). Une cabane, un point d'eau, une aire à feu – il arrive même que le bois soit fourni – , une poubelle, des toilettes. Le côté rustique du bivouac, le côté plus confortable du camping : mais pas de douche ni d'électricité – dommage, on serait bien fait une petite soupe en sachet ; le temps de ce soir, est automnal, pluvieux et venteux, froid. L'expérience aurait été plus agréable sans doute un soir d'été, mais ce soir c'est temps d'octobre. Au moins nous n'aurons pas à faire sécher la tente demain mais le café du matin nous manquera, c'est certain. 

.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.
.

Erikejo ? Ne temas pri Bretonio ĉi tie. Garigo ? Ĉu estas Provenco, ĉu estas la lando de Giono. Stepo ? Tro rusa, certe. Dezerto ? De Gobi, de Hoggar ? Ne, tute ne..

Paradizo estas finfine la plej taŭga vorto por priskribi la hodiaŭan itineron..

Ni biciklas en la duno. Dum pli ol 30 kilometroj.

Supreniras kaj malsupreniras, ĉiam iomete, neniam longe, neniam multe. La vojo estas farita de gruzo aŭ den kompaktigita sablo. Nia rapideco estas malrapida. Ĉu pro la grundo ? Ĉu pro la vento, ankoraŭ forta ? Aŭ ĉu pro niaj suroj; ne sufiĉe fortaj ?

Ankaŭ turniĝas la vojo, iomete, neniam vere. Sed ŝanĝas de la longaj rektaj linioj de la lastaj tagoj. Ĉi tio estas des pli kurioza, ke, en la duno, ne necesas tiaj turniĝoj.

Plejofte, ni estas solaj. Mondo nur por ni. Oni tamen renkontas  kelkajn aliajn biciklantojn aŭ kelkajn hundojn, kiuj promenas siajn mastrojn.

De malproksime ĉio estas grizverda, tute grizverda. Sed tio estas iluzio, miraĝo. La vido trompas, kiu kaŝas nesuspekeblan biodiversecon. Estas ĉi tie la marramherbo kaj eriko kompreneble kiuj dominas sed ankaŭ filikoj, lonicero, rozkoloraj, blankaj kaj purpuraj sovaĝaj rozoj. Ĉiuj koloroj estas tie. Necesus povi foti ilin sed por tion fari necesus esti sperta fotisto, tiom la nuancoj estas subtilaj.

Vi komprenas ĝin. Ni havis mirindan tagon. Sendube la plej bela ekde nia foriro ; eble eĉ unu el la plej belaj de kiam ni biciklas. Nur la hodiaŭa pejzaĝo sufiĉus por motivigi la vojaĝon.

Ni envias ĉiujn ĉi homojn, kiuj loĝas en unu el la malgrandaj malaltaj domoj kaŝitaj en la duno. Kelkaj estas konstante loĝataj, la plej multaj tamen ŝajnas esti duaj hejmoj por ferii, kies loĝantoj, posedantoj aŭ luantoj, plej ofte estas germanoj. Tame,n, ni vidas ĉi tiujn pejzaĝon sub la suno, certe foje kaŝita de kelkaj nuboj, sed tamen en agrabla vetero. Sub la malhela vintra ĉielo, en la pluvo kaj en la malvarmo, ĝi devas esti tute malsama. La pejzaĝo malkaŝas, mi iopinias, sian ĉarmon nur al tiuj, kiuj ĝin konkeras.

Post ĉi tiuj perfektaj, neforgeseblaj momentoj, biciklante inter la maro kaj la fjordo Ringkøbing, ni atingas Hvide Sande kie ni aĉetas por manĝi. Ĉi-vespere denove, ni dormos mil mejlojn de ĉio.

Ni revenas al la duno, dum kelkaj kilometroj pli antaŭ ni atingas la urbon – turisman kaj komercan – Søndervig.

Danke al la vento, kiu blovas de malantaŭ ĉi-foje, ni veturas je preskaŭ 30 kilometroj hore sur dezerta landvojo, ĉiam norden, al la fjordo Stadil.

Ni aliĝas al la rifuĝejo, kiun ni rezervis - tute nenecese ĉar evidente ni estas la solaj kiuj tranoktos tie.

Sovaĝa tendaro estas malpermesita en Danio sed aliflanke oni povas trovi ĉi tiujn Shelders (la vorto signifas ŝirmejon). Ĉi tiuj estas ekipitaj bivakoj disponigitaj de la komunumoj senpage (bona afero rilate al la troan vivkoston ĉi tie). Kabano, akvopunkto, fajrejo – foje eĉ ligno estas disponigita –, rubujo, necesejoj. La rustika flanko de la bivako, la pli komforta flanko de la kampadejo: sed neniu duŝo aŭ elektro - domaĝe, ni ŝatus havi iom da pluvera supo ; la vetero ĉi-vespere estas aŭtuna, pluva kaj venta, malvarma. La sperto verŝajne estus pli agrabla en somera vespero, sed ĉi-vespere ŝajnas esti oktobro. Ni ne devos sekigi la tendon morgaŭ... Tamen la matena kafo certe mankos al ni.

1 commentaire

ClaudineMichel

Quels ciels !

  • il y a 2 ans
4 Voyages | 233 Étapes
56.17393767303904, 8.240411394012622
39e jour (06/07/2022)
Liste des étapes

Partagez sur les réseaux sociaux