Parc national du Gros-Morne, Terre-Neuve-et-Labrador

Publiée le 03/12/2017
Le parc national du Gros-Morne, où le paradis des randonneurs.

Voilà plus d'un mois qu'il me tarde de découvrir le parc national du Gros-Morne. Plus exactement depuis mon bénévolat à l'auberge de jeunesse de Moncton, où j'avais rencontré quelques voyageurs qui avaient eu l'opportunité d'y passer. Depuis, au fil de mes rencontres, ce parc revient systématiquement comme l'une, voire la principale attraction de la province.

Mais, comme s'il se refusait à moi, il me faudra encore patienter une journée supplémentaire avant d'y accéder. La faute à un automobiliste qui a eu l'excellente idée de me parler d'un sentier de randonnée, situé à mi-chemin avec Gander, point de départ de ma journée. Il m'évoque un sentier réputé, possédant des commentaires et notations dithyrambique sur internet. Mon instinct m'indique de l'écouter. Mon planning me dit que j'ai le temps. Go !

Alexander Murray Hiking Trail

La particularité du sentier de randonnée Alexander Murray est qu'il est géré par des bénévoles. Il n'est donc à priori ni rattaché à un parc national, ni à un parc provincial. Première bonne surprise en arrivant au pied du sentier : il y une réception. Je peux donc y déposer mes affaires, histoire de partir léger. Droit d'entrée : gratuit.

Alexander Murray

Alexander Murray (2 juin 1810 - 18 décembre 1884) est un géologue écossais. Il est connu pour ses travaux de cartographie et d'inventaire géologique à Terre-Neuve.

Source : Wikipédia

Le long de ses 8 kilomètres, cette marche serpente dans une forêt de conifères, côtoie 3 cascades et offre finalement un point de vue exceptionnel en son sommet.

Alexander Murray Hiking Trail
Alexander Murray Hiking Trail
Sommet du Alexander Murray Hiking Trail
Vue panoramique depuis le sommet

Ah, j'oubliais un détail ! Mieux vaut ne pas être climacophobe au moment d'aborder cette randonnée, où l'on dénombre environ 2200 marches ! Pour comparaison, la Tour Eiffel en comporte 1665.

Ça monte
Ça descend
Vers l'infini et au-delà

Au final, malgré un manque d'entretien à de rares endroits, vite oublié lorsque l'on se souvient que le trail est exclusivement géré par des bénévoles, cette randonnée fut pour moi une magnifique surprise. A n'en pas douter l'une des plus belle que j'ai faite jusqu'à présent. 

Et cela ne fut pas la seule surprise du jour. Sur le chemin du retour, je recroise David, un randonneur québécois avec qui j'avais échangé deux jours auparavant dans le parc Terra-Nova. Heureux hasard pour moi, car il prévoit également de se rendre à Gros-Morne et, surtout, il est motorisé ! C'est donc ensemble que nous décidons de nous diriger vers le parc national.

Parc national du Gros-Morne

Gros-Morne, te voilà enfin ! Ayant prévu d'y consacrer quatre jours, l'idée était d'effectuer au moins une randonnée par jour. Malheureusement, alors que j'avais été relativement épargné par la pluie depuis mon départ de Montréal, il y a deux mois, c'est un peu moins le cas depuis mon arrivée à St. John's. Deux nouvelles journées de pluie nous obligeront à rester au chaud, dans la charmante ville (ou pas) de Corner Brook, située au sud du parc. Qu'importe, le randonneur doit composer avec les caprices de Mère Nature :)

Corner Brook et sa papeterie

Pour la première randonnée, nous avons opté pour les sentiers de Green Gardens. Malgré une belle marche d'une dizaine de kilomètres, donnant accès à une sorte de pré dominant l'océan (où l'on peut côtoyer des moutons alors que les ours sont sensés rôder !) ainsi qu'à une plage, j'ai presque davantage apprécié la route que nous avons empruntée pour nous y rendre. Déjà parce que j'ai trouvé la randonnée un peu longue, pour un beau point de vue, certes, mais pas vraiment inédit. Ensuite parce que j'ai été subjugué par l'aspect lunaire des montagnes que nous avons longées en voiture.

Route d'accès à Green Gardens
Route d'accès à Green Gardens
Coucou toi !
Green Gardens
Green Gardens
Green Gardens

Après cette mini-déception (peut-être attentions-nous trop de ce parc ?), nous avons décidé de nous attaquer au James Callaghan Trail et, par la même occasion, au mont Gros-Morne, haut de 806 mètres (deuxième plus haut sommet de l’île). Après 4 kilomètres de marche à travers la forêt, j'aperçois une paroi rocheuse.

James Callaghan Trail
James Callaghan Trail
James Callaghan Trail

Lorsque je comprends que notre chemin du jour l'emprunte, une voix intérieure s'est exclamée : « ENFIN une "vraie" randonnée un peu compliquée ! ». Et, effectivement, cette montée technique était loin d'être de tout repos. Jugez par vous-même :

Ascension du mont Gros-Morne
Ascension du mont Gros-Morne

Arrivés au sommet, nous avons malheureusement dû composer avec de gros nuages menaçants, qui encombraient le paysage. Mais avec un peu de patience, nous avons tout de même pu profiter pleinement d'un panorama à couper le souffle, se dévoilant peu à peu, avant de disparaître de nouveau. Une fois n'est pas coutume, j'ai réellement pris mon temps avant d’entamer le chemin retour, totalement sous le charme du spectacle.

Vue panoramique depuis le mont Gros-Morne
Mont Gros-Morne
Mont Gros-Morne

Ce trail restera à n'en pas douter, avec le Alexander Murray Hiking Trail, l'un de mes gros coup de cœur de Terre-Neuve. Tant par sa difficulté et sa vue qui se mérite, que par le panorama exceptionnel.

Droit d'entrée quotidien au parc : 7,80 CAD. Gratuit en 2017.

Cedar Cove Trail

J'avais évoqué un peu plus haut avoir dû composer avec deux journées pluvieuses, passées à Corner Brook. En réalité, nous avons tout de même pu profiter d'une éclaircie durant l'une d'elles pour explorer un autre sentier : le Cedar Cove Trail.

Celui-ci s'est révélé être d'avantage une épreuve d'escalade et de descentes en rappel qu'une marche. Qui plus est, le point de vue proposé à l'issue des 250 mètres d'ascension n'était, à mon goût, pas à la hauteur de la peine. Au final, j'ai été d'avantage séduit par ce énième petit port de pêche, niché au fond d'une crique, point de départ de la randonnée. Droit d'entrée : gratuit.

Little Port, point de départ de la randonnée
Randonnée ou escalade ? Le doute est permis.
Vue panoramique depuis le sommet
Vue sur Little Port

L'auto-stop à Terre-Neuve

Dans cette province encore, l'auto-stop s'est relativement bien passé pour moi. Pour les longs déplacements, le fait que l'île soit traversée d'ouest en est par un axe majeur, la Transcanadienne, a sans nul doute rendu la tâche plus aisée. Me rendre dans des endroits plus spécifiques ne m'a pas semblé plus problématique. L'auto-stop est bien perçu sur l'île.

Poucomètre : 11 666 kilomètres.

Conclusion

Après avoir visité et apprécié sa ville capitale, j'ai surtout découvert en Terre-Neuve un formidable terrain de jeu pour qui aime la randonnée. Bien qu'y étant resté près de deux semaines, je n'ai pu découvrir qu'une infime partie de ce que l'île a à offrir en matière de sentiers. J'en veux pour preuve l'expérience de David, resté plus de trois mois sur place, consacrés uniquement à la randonnée ! L'autre curiosité majeure de l'île m'apparaît être ses innombrables petits ports de pêche, au charme indéniable.

Moratoire sur la pêche à la morue

Durant près de 500 ans, la pêche à la morue a rythmé la vie des Terre-Neuviens. Or, en 1992, suite à la presque disparition de l'espèce dans les zones de pêche, l'État a imposé un moratoire, presque total. Les répercussions sur l'emploi et l'économie locale furent considérables. 25 ans plus tard, le moratoire est toujours en vigueur. Le rétablissement de l'espèce quant à lui commence à se faire percevoir.

Suite à la quasi disparition de la pêche industrielle à Terre-Neuve, les pêcheurs ont dû trouver d'autres voies professionnelles. Je me suis rendu compte que nombre d'entre eux travaillent aujourd'hui sur des sites pétroliers situés dans des endroits reculés du nord du pays. Pour la plupart, leur rythme de travail est de deux semaines sur site pour deux semaines de repos à la maison, avec une navette par avion, généralement financée par l'entreprise. Rythme de vie très singulier, que je n'avais pas identifié dans les autres provinces.

Twillingate

Autre fait marquant : conduire à Terre-Neuve oblige à être sans cesse attentif aux surgissements d'orignaux. Tout particulièrement la nuit et l'hiver, période durant laquelle ils apprécient le sel déposé sur l'asphalte. Avec environ 700 collisions par année sur les routes de l'île (et malheureusement plusieurs décès), on comprend aisément pourquoi le sujet est si ancré dans les esprits.

D'ailleurs, le seul bémol que je retiens est la monotonie d'une grande partie du réseau routier principal et des paysages traversés : des forêts et une multitude de petits lacs. Pas général, pas désagréable, juste monotone. Terre-Neuve est vraiment sauvage, très sauvage. Outre cela, j'ai vraiment adoré cette dernière partie de mon voyage dans le Canada atlantique !

Paysage typique de Terre-Neuve

Je pense que la meilleure période pour visiter l'île est le mois de juin. Déjà parce qu'à Terre-Neuve, l'été est très court, environ deux mois. Ensuite parce que c'est à cette période que les icebergs sont le plus facilement observables. Ceci-dit, quelle que soit la période choisie, j'encourage vivement la visite de cette province, qui a encore bien d'autres choses à offrir. Je n'ai par exemple par parlé (car pas visité) de l'Anse aux Meadows, située à l'extrême nord de l'île, où l'on retrouve des vestiges de colonisation viking.

Lobster Cove Head Lighthouse

Après le Nouveau-Brunswick, l'Île-du-Prince-Édouard et la Nouvelle-Écosse, Terre-Neuve devait marquer le dernier rendez-vous dans ma découverte des provinces de l'Atlantique. Mais c'est vite oublier que la province comporte également une partie continentale : le Labrador.

« La vie, ce n’est pas seulement respirer, c’est aussi avoir le souffle coupé ! »

– Alfred Hitchkock

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1 Voyage | 108 Étapes
Parc national du Gros-Morne, NL, Canada
226e jour (31/08/2017)
Étape du voyage
Début du voyage : 18/01/2017
Liste des étapes

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