La réserve naturelle de Scandola et le village de Girolata par la mer et la terre

Publiée le 13/09/2025
La particularité de ces hauts lieux est qu’ils restent complètement isolés du monde. En effet, aucune route terrestre, hormis un sentiers de randonnée, ne permet de les rejoindre. Seul le village est accessible, la réserve demeure sauvage, sans aucun sentier répertorié à ce jour.

La réserve naturelle de Scandola : Une terre vierge de toute trace humaine

La réserve est située sur la péninsule de Scandola, une formation géologique d'origine volcanique composée principalement de roches porphyriques, des roches magmatiques à grains visibles. Ce paysage spectaculaire est caractérisé par des falaises rouges, des arches naturelles, des grottes marines et des îlots inaccessibles, sculptés par l'explosion d'un gigantesque volcan, puis au fil du temps par l'érosion du vent et de l'eau.

La réserve abrite une faune et une flore remarquables, tant terrestres que marines. Sur terre, on y trouve des espèces typiques du maquis corse, telles que des reptiles, des oiseaux comme le balbuzard pêcheur et des colonies de cormorans. Sous l'eau, les eaux cristallines hébergent des coraux précieux, des herbiers de posidonie et des poissons.

La Posidonie est une plante sous-marine endémique de Méditerranée, surnommée le poumon de la Méditerranée car elle produit de l'oxygènepurifie l'eau et abrite une grande biodiversité. Très présente en Corse, elle joue un rôle écologique majeur, mais est menacée par le mouillage des bateaux et la pollution, c'est pourquoi il est totalement interdit d’amarrer ou de mouiller au sein de la réserve.

On y trouve également des conglomérats de roches, constitués de fragments de roches plus anciennes liés entre eux par une matrice de grains plus fins et cimentés par des minéraux sédimentaires, comme le calcaire, le quartz ou la silice. Ainsi, sur ces falaises, la rhyolite peut se retrouver soudée avec de la dolérite et même du cuivre par du quartz, donnant des mélanges de rouge, orangevert et blanc.

On trouve aussi des orgues basaltiques et des lahars solidifiés, des formations volcaniques résultant du refroidissement brutal de la lave très visqueuse pour les lahars, et du refroidissement lent d'une lave fluide pour les orgues. Après l'éruption d'un volcan explosif, ce dernier crée des coulées de lave et de boue qui, une fois solidifiées, forment des blocs irréguliers et rugueux de magma pour les lahars et des colonnes prismatiques régulières pour les orgues.

On remarque également dans les roches issues de lahars des trous et petites cavités. Comment sont-ils apparus ? Lors de la solidification de la lavedes bulles de gaz peuvent rester piégées, créant de petites cavités appelées cavités phréatiques ou alvéoles. Avec le temps, la roche se fracture et finit par exploser, laissant s'échapper le gaz emmagasiné.

Vue des îlots de la réserve naturelle de Scandola et de sa tour au fond à droite
Vue sur les alvéoles de la réserve naturelle de Scandola
Vue sur les alvéoles de la réserve naturelle de Scandola.2
Vue sur les alvéoles de la réserve naturelle de Scandola.3
Vue sur les alvéoles de la réserve naturelle de Scandola
Vue sur l'arche de la réserve naturelle de Scandola
Vue sur la réserve naturelle de Scandola
Vue sur la réserve naturelle de Scandola.2
Vue sur les parois abruptes de la réserve
Vue sur la réserve naturelle de Scandola.3
Vue sur les parois abruptes de la réserve
Vue sur la réserve naturelle de Scandola.4
Vue sur la réserve naturelle de Scandola

Le village isolé de Girolata

Girolata a tout d’abord constitué un formidable abri naturel pour les flottes algéroises, les armées barbaresques, ainsi que pour le célèbre pirate Barberousse. Ce dernier y fut d’ailleurs vaincu par les Génois lors de la bataille de Girolata en 1540 :

Khier El Din, le Grand Barberousse, est au début du XVIᵉ siècle le maître incontesté d'Alger. Au cours de l'année 1518, il devient un allié de l'Empire ottoman, en se plaçant sous la suzeraineté de Soliman le Magnifique. Cette alliance aux immenses enjeux permet aux barbaresques de contester aux grandes puissances leur domination sur cette partie de la Méditerranée. Toujours plus audacieux, Barberousse va jusqu'à combattre les Espagnols installés en Afrique du Nord.
Il accède au grade de grand amiral de la flotte ottomane ("beglerbey") en 1533.

En 1534, Charles-Quint lui inflige une cuisante défaite, ce qui ne l'empêche pas de reconstituer un puissant État barbaresque à partir d'Alger. Meneur d'hommes, il sait s'entourer de soldats particulièrement téméraires. Sous son règne, Alger devient le plus grand marché d'esclaves. C'est de là que partent les expéditions barbaresques en Méditerranée, vers les côtes de Sicile, de Provence, de Corse ou d’Italie.

En 1540, le plus célèbre lieutenant de BarberousseDragut, après le saccage du Sia, est pris en chasse et capturé par Gianettino Doria, neveu d'Andrea Doria à Girolata, tandis que Barberousse est défait.

Les Génois, après leur victoire, débutèrent vers 1520 la construction du fortin de Girolata. Celui-ci, situé entre les criques de Focaghia et de Cavone, domine aujourd’hui le golfe et plonge en son sein, entre les falaises de porphyre du Capo Senino et la Punta Scandola. Cette rare construction humaine, émergeant au cœur d’un paysage de roches rouges et d’eaux turquoises, n’est pas sans ajouter à la beauté et au charme de ce lieu atypique.

Girolata est un petit hameau côtier qui a la particularité de n’avoir aucune route le reliant au reste de la Corse. Il est donc accessible uniquement par voie maritime, ou par voie terrestre par un sentier de randonnée appelé le sentier du facteur, sentier historique car un dénommé Guy Ceccaldi s'était engagé quotidiennement à parcourir les 11,2 km du sentier afin de livrer le courrier à la population éloignée de tout.

Au début du XXᵉ siècle, la population y était importante : le village comptait encore 450 habitants en 1934. D’ailleurs, l’unique mine d’anthracite de Corse était située à Girolata, ce qui en faisait un village prospère. L’agriculture y était également très répandue et une ancienne aire de battage du blé offre aujourd’hui encore, au sommet du village, une vue imprenable sur Girolata et ses environs, entre mer et montagnes.

Mais la suite du XXᵉ siècle a marqué une étape importante dans l’histoire du village, ses habitants l’ayant peu à peu déserté. Aujourd'hui, il ne reste que 3 pêcheurs dans tout le village et moins d'une dizaine d'habitants réguliers, seuls ces 3 pêcheurs, ont officiellement le droit de pêcher, le village faisant partie de la réserve naturelle de Scandola. Ce droit est contradictoire avec la volonté de protéger la nature, mais en adéquation avec la protection du patrimoine et du mode de vie des autochtones du village de Girolata.

Vue sur le village de Girolata
Vue sur le fortin de girolata
Vue sur les quais et le fortin de Girolata
Vue sur le fortin de girolata
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1 Voyage | 81 Étapes
Réserve naturelle de Scandola, Osani, France
5e jour (04/08/2025)
Étape du voyage
Début du voyage : 31/07/2025
Liste des étapes

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