Quand je suis arrivé sur ces terres à l’extrême sud de l’île, j’ai été épris par la beauté de ces sublimes falaises de calcaire. Il faut dire qu’hier, j’étais encore dans les épaisses montagnes et forêts du centre de la Corse, puis j’ai avancé vers les plages forestières et argileuses du sud pour finalement arriver, ce matin, devant ces murailles naturelles d’un blanc immaculé me regardant de haut. Je comptais bien explorer ces paysages verticaux, dignes d’une carte postale, de fond en comble. Pour deuxième destination, j’ai choisi la plage de Saint-Antoine, en partant du sémaphore militaire toujours en activité. Sacrés militaires de Corse ! Guider les bateaux dans un endroit aussi beau doit au moins égayer leur quotidien. Ils ont de la chance…
Extrait du journal d'un montagnard #
Vous avez vu ce splendide phare tout vêtu de noir et de blanc, surplombant les falaises blanches, la mer Méditerranée et le détroit de Bonifacio ? N’est-il pas superbe ! On sent qu’un bon coup de peinture lui a été administré récemment, et ça me fait plaisir : trop de nos monuments, sombres dans la poussière et la décrépitude, témoins d’une gloire d’antan qu’ils ne retrouveront jamais plus. Alors, en voir certains, parmi les plus majestueux, resplendir pour ceux qui ne le peuvent plus, c’est toujours ça de prix !
La Corse est infestée de ces phares, à l’image des tours génoises : il y en a un peu partout le long de ses côtes, on en dénombre plus d’une trentaine. Ce phare est le deuxième plus vieux jamais construit sur le territoire ; son but est de surveiller le détroit de Bonifacio, l’une des grandes villes traditionnelles de Corse, et d’éviter que des marins imprudents ne s’empalent sur les écueils des Moines à quelques kilomètres des Bouches de Bonifacio. Aujourd’hui, cette formation rocheuse est référencée sur internet, mais à l’œil nu, vous ne la verrez même pas. Elle existe pourtant bel et bien : c’est un groupe de rochers dépassant à peine le niveau de la mer, qui a causé de nombreux naufrages !
Vous voulez savoir quel est le premier phare de l’île ? C’est nul autre que celui du Capo Rosso. Et si vous avez bonne mémoire, vous savez que j’y suis allé : il n’y figurait aucun phare. Nous n’avons donc qu’à imaginer qu’il a été détruit il y a bien longtemps !
Extrait du journal d'un montagnard #
Le Cap de Pertusato est une formation géologique de toute beauté. Le petit îlot dans le prolongement du cap, appelé parfois gouvernail de la Corse, ressemble à la coque d’un bateau moderne. Suivant la manière dont on se place, c’est assez intriguant une telle curiosité naturelle. D'ailleurs, sur ce petit îlot, j'ai l'impression d'y avoir observé des pierres déposées par l'homme ainsi qu'une petite niche, la même que j'avais vue sur le plus haut rocher de la plage Capu di Muru, un lieu qui semblait avoir été dédié au culte. Ce pourrait-il que cette niche ait été placée là pour témoigner de la grandeur de Dieu même en ces lieux reculés ? Je me fais peut-être des films et je n'ai trouvé aucune source qui confirme ma théorie ; ce n'est peut-être rien de plus qu'un rocher à la forme vaguement familière.
Extrait du journal d'un montagnard #
Le trou réclame un sacrifice ! J’en suis le digne élu… Plus sérieusement, n’avez-vous pas envie d’y plonger ? Cette belle eau turquoise où se reflètent ces superbes cailloux, qui pourraient briser chaque os de votre corps si l’idée vous prenait de leur sauter dessus un peu trop fort… Bon, le saut, c’est non !
Par contre, cela n’empêche pas que le spectacle vaut vraiment le coup d’œil. Je n’ai jamais vu une grotte marine de cette ampleur, mêlant à la fois les roches calcaires d’un blanc resplendissant et les murs de sable dur, comme si vous étiez dans un château de sable grandeur nature. Ce paysage est juste sublime !
Extrait du journal d'un montagnard #
Cette fois j'en suis sûr ! Je suis persuadé qu'il y a quelque chose sur cet îlot.. Quoi qu'il en soit, observez ces falaises hautes de cent mètres composées de dépôt de sédiments et organismes marins. Le sol est dur et rocailleux, mais il peut être sableux et malléable par endroit, des herbes poussent ici et là à travers le sable, Prenez bien le temps d’observer les falaises, et remarquez le lapiaz. C’est une formation géologique typique du coin. Elle est créée par le ruissellement des eaux de pluie qui dissolvent le calcaire et forme des lames de calcaires séparées par des rigoles naturelles, chez nous dans les Pyrénées, les lapiaz n'ont rien à voir, il faut dire que nous n'avons pas les mêmes roches !
Extrait du journal d'un montagnard #
🌄 La Corse : une île de montagnes et de contrastes
La Corse est une île profondément montagneuse — près de 70 % de sa surface se situe au-dessus de 200 m d’altitude et un tiers dépasse les 500 m. Deux grandes chaînes centrales, la « Corse hercynienne » à l’ouest et la « Corse alpine » au nord-est, structurent son relief dominé par le Monte Cinto, point culminant de l’île à 2 706 m. Seule la plaine orientale, s’étendant entre Bastia et Solenzara, offre de véritables zones planes. Le littoral est extrêmement découpé : plus de 70 % de ses 1 000 km de côtes sont rocheux, alternant falaises abruptes, criques sauvages et plages de sable fin. Le climat, de type méditerranéen, alterne étés chauds et secs avec hivers doux et humides, mais le relief introduit d’importantes variations locales — allant jusqu’à des microclimats alpins dans les hautes montagnes.
🌬️ Le Cap CorseTout au nord s’avance le Cap Corse, une péninsule étroite et montagneuse longue d’une quarantaine de kilomètres pour une dizaine de kilomètres de large. Elle est traversée par une arête sommitale, la Serra, qui culmine à la Cima di e Follicie (1 324 m) et forme la ligne de partage des eaux, alimentant de petits torrents descendant vers la mer des deux côtés. Son versant oriental tombe doucement vers la mer Tyrrhénienne, tandis que son versant occidental, beaucoup plus abrupt, plonge directement dans la Méditerranée. On y retrouve une végétation typiquement méditerranéenne : maquis et chênes verts en bord de mer, forêts de pins laricio et de châtaigniers vers 600 à 1 000 m. La côte, très dentelée, abrite de petites criques aux fonds sableux, et de nombreux villages perchés dominent la mer. Cette terre volcanique marque l’extrémité nord de la Corse, encadrant le golfe de Saint-Florent à l’ouest. La célèbre route D80, route en corniche, en fait le tour complet, jalonnée d’anciennes tours génoises — près d’un tiers de celles recensées sur l’île. Ce cap singulier, entre vert du maquis et bleu profond de la mer, résume à lui seul la beauté contrastée de la Corse.
🌿 La BalagneAu nord-ouest, la Balagne déroule ses paysages lumineux entre mer et montagne. Baignée par la Méditerranée de L’Île-Rousse à Calvi, elle s’adosse aux contreforts du massif du Monte Cinto, dont les sommets granitiques (Monte Grosso, 1 938 m, et Monte Cinto, 2 706 m) dominent l’arrière-plan. Le relief alterne petites plaines fertiles, vallées du Regino et de la Figarella, et collines couvertes d’oliviers. Ses côtes granitiques abritent des plages de sable clair et des anses paisibles — Bodri, Algajola, la Revellata — tandis que l’intérieur regorge de vergers d’amandiers, d’agrumes et de vignes. Les versants du Monte Cinto sont recouverts de pinèdes et de maquis parfumé. Le golfe de Calvi, immense amphithéâtre marin, s’ouvre au pied d’une citadelle blanche, et les villages perchés comme Sant’Antonino ou Pigna, d’où l’on embrasse la mer, témoignent de l’harmonie entre nature et culture qui fait la renommée de la Balagne.
🍇 Le Nebbiu et le désert des AgriatesJuste à l’ouest du Cap Corse, le Nebbiu s’étend autour du golfe de Saint-Florent. Son cœur est la plaine fertile de la Conca d’Oro, ouverte sur la mer, plantée de vignes et de vergers d’agrumes. Plus au nord s’étale le désert des Agriates, vaste plateau aride et vallonné dominé par le Monte Genova (418 m), aux vallées sèches et maquis clairsemé. Le massif de Tenda (Monte Astu, 1 535 m) ferme la région à l’ouest, tandis qu’à l’est la crête schisteuse de la Serra di Tenda (Cima di Tanaria, 1 224 m) sépare le Nebbiu du Cap Corse et de la plaine de Bastia. Les paysages alternent collines boisées de chênes et de pins, plaines viticoles, et versants orientés vers la mer parsemés de criques. Le golfe de Saint-Florent, baigné de lumière, abrite l’embouchure de l’Aliso et du Bevinco, dont les eaux rejoignent parfois les étangs littoraux du fond du golfe. Ce pays rude mais fertile réunit des contrastes puissants entre terres arides, marais, et vignes ensoleillées.
🌰 La CastagnicciaDans le nord-est, à l’intérieur des terres, la Castagniccia s’étend sur les versants du Monte San Petrone (1 767 m). C’est une région schisteuse, moyenne à haute montagne, prolongeant vers le sud la dorsale du Cap Corse. Ici, le paysage est d’un vert profond : forêts de châtaigniers à perte de vue, rivières claires (Fium’Altu, Casaluna, Alesani) serpentant au fond de vallées encaissées, villages perchés accrochés aux crêtes ensoleillées. Le climat y est plus humide que dans le reste de l’île, favorisant une végétation dense ; c’est le pays des châtaigniers, surnommé jadis « le grenier de la Corse ». On y retrouve aussi des hêtres et des chênes verts selon l’altitude. Ses paysages pastoraux, ponctués d’églises baroques et de hameaux de pierre grise, respirent une atmosphère ancienne et sereine.
🏔️ Le Niolu et le cœur montagneux de la CorseAu centre de l’île, le Niolu forme une haute cuvette granitique d’altitude, encerclée par les plus hauts sommets corses : le Monte Cinto (2 706 m), la Punta Minuta (2 556 m), la Paglia Orba (2 525 m), le Capu Tafunatu (2 335 m) et le Capu a u Tozzu (2 327 m). Cette région isolée est traversée par le Golo, le plus long fleuve de Corse. On y accède par la Scala di Santa Regina, une gorge spectaculaire creusée dans le granite. Le paysage y est grandiose : hautes montagnes rocheuses, lacs d’altitude (Nino, Creno, Bastani), pierriers et alpages. Les versants sont couverts de pins laricio jusqu’à 1 300 m, puis de hêtres et de bouleaux. Les villages, tels Calacuccia, Lozzi ou Corscia, se dressent au milieu de prairies de fauche. Ce territoire sauvage, cœur du parc naturel régional, est le royaume de la transhumance, des bergeries et des torrents limpides.
🏞️ Le Centre Corse et le CortenaisAutour de Corte, véritable carrefour de l’île, s’étend le Centre Corse. Ce territoire est bordé à l’ouest par la grande dorsale granitique — Monte Rotondo (2 622 m), Monte d’Oro (2 389 m), Monte Renoso (2 352 m) — et à l’est par les reliefs schisteux du Monte San Petrone et de la Punta di Caldane. Le paysage est fortement accidenté : la ville de Corte domine la confluence encaissée du Tavignano et de la Restonica, dont les gorges et les lacs glaciaires (Melo, Capitello) sont parmi les plus célèbres de Corse. Les forêts de pins laricio, d’épicéas et de châtaigniers recouvrent les versants, tandis que les sommets enneigés rappellent l’austérité alpine du centre de l’île. Les grands cols — Vizzavona (1 163 m), Verde (1 290 m) et Vergio (1 478 m) — permettent de franchir cette épine dorsale, entre gorges, torrents et plateaux pastoraux.
🪵 L’Alta RoccaPlus au sud, dans l’intérieur de la Corse-du-Sud, s’étend l’Alta Rocca, territoire montagneux adossé au Monte Incudine (2 134 m). Bordée au nord et à l’est par les massifs de Bavella et de l’Ospedale, et au sud par la pointe Cagna, elle domine les vallées du Rizzanese et du Fiumicicoli. C’est un pays de granit et de forêts, où s’élèvent les aiguilles déchiquetées de Bavella et les hêtraies du plateau du Coscione (1 600–1 800 m). Le maquis alterne avec les pins laricio et les chênes verts, tandis que les vallées abritent des terrasses d’oliviers et de mûriers. Les hameaux de pierre se nichent dans un relief escarpé, et les plateaux d’altitude servent encore aux estives. Cette région, au caractère alpin et méditerranéen mêlé, offre des panoramas impressionnants sur la mer et les montagnes du sud.
🌊 La vallée du TaravoLe Taravo, troisième plus long fleuve de Corse (65 km), traverse la région du même nom au sud-ouest. Il prend sa source au Monte Grosso (1 895 m) près du col de Verde (1 289 m) et descend jusqu’au golfe de Propriano. Ses paysages sont variés : gorges rocheuses dans la haute vallée, collines boisées de pins et de chênes, puis vignobles et cultures en terrasses dans la moyenne vallée. En approchant de la mer, la vallée s’élargit en une plaine côtière alluviale où s’étendent les plages du Valinco, de Roccapina à Propriano. Les forêts domaniales (notamment celle de Vizzavona) et les sources claires (fontaine de San-Pietro) rappellent l’abondance en eau de ce bassin. À son embouchure, la tour génoise de Micalona veille encore sur la mer.
🏖️ Porto-Vecchio et l’extrême sud-estL’extrême sud-est de la Corse, autour de Porto-Vecchio, offre un contraste saisissant avec les montagnes centrales. Le relief, formé de collines granitiques douces montant rarement au-delà de 1 000 m, descend lentement vers la mer. Le massif de l’Alta Rocca et les aiguilles de Bavella ferment l’horizon au nord, tandis que la côte déroule ses plages paradisiaques : Palombaggia, Santa Giulia, Rondinara ou Pinarello. Ces plages de sable blanc bordées de pins parasols et d’eaux turquoise évoquent presque les tropiques. Derrière, des étangs littoraux (Chiappa, Cavu) et de vastes zones de maquis et de pins à crochets composent un décor naturel intact. Dans les collines, chênes-lièges, arbousiers et eucalyptus dominent. La plaine côtière, fertile, accueille vigne et vergers. Le golfe de Porto-Vecchio, abrité et profond, constitue l’un des ports naturels les plus remarquables de l’île.
🌅 Le Sartenais-Valinco
Enfin, sur la façade sud-ouest, le Sartenais-Valinco s’étend autour de Sartène, « la plus corse des villes corses ». C’est un territoire de montagnes douces et de vallées encaissées, adossé au versant sud-ouest du Monte Incudine (2 134 m) et de la montagne de Cagna. Les collines (souvent inférieures à 600 m) abritent des villages en granite clair. Plus haut, le plateau du Coscione déroule ses forêts de pins et ses vastes pâturages d’altitude. Les vallées du Rizzanese, du Baraci et de l’Ortolo, profondément creusées, sont jalonnées de cascades (comme celle de Zoza) et de forêts denses de hêtres et de chênes. En descendant, le paysage s’ouvre sur des oliveraies et des vignes. Le littoral du Valinco, long de 60 km, s’étire de l’embouchure du Taravo à la Punta di Senetosa et à Roccapina, alternant longues plages et falaises de granite rose. Le golfe de Propriano et la tour de Senetosa marquent des repères maritimes emblématiques. C’est une région à la fois rude et sensuelle, où les montagnes plongent dans la mer dans un équilibre parfait entre pierre, maquis et lumière.