La commune eut en son temps la visite de Gustave Eiffel, venu marier sa fille à un membre de la famille Piccioni. Le mausolée où repose Madame Piccioni, véritable petit Trianon rose et argent, présente une architecture remarquable. Sa forme rectangulaire est prolongée par deux volumes cylindriques coiffés de dômes hémisphériques, reliés à l’édifice central par des baies en plein cintre et des piliers formant des sortes de voûtes fermées en toit à deux pans. L’entrée, en façade, se distingue par un perron et une simple porte au rez-de-chaussée, dominée par un élégant escalier en fer à cheval menant à une porte cintrée, elle-même encadrée de baies en arc plein cintre, comme la plupart des ouvertures du bâtiment. Au-dessus, un simple volet rectangulaire décore la façade.
La toiture de l’ensemble, à en juger par sa teinte, semble être réalisée en lauze. L’édifice paraît entretenu, bien que l’enduit des murs s’écaille par endroits, signe d’une volonté de conserver la patine du temps plutôt que de restaurer à neuf. Autour, l’herbe est parfaitement taillée, preuve de l’intérêt porté à ce lieu, que ce soit par la commune ou par un particulier. À l’avant, on distingue un puits, tandis que deux pins parasols dominent la structure, ajoutant une superbe touche de verdure. Leur présence, inhabituelle à l’état sauvage dans cette partie de la Corse, témoigne d’un aménagement volontaire, conçu pour magnifier le site.
Enfin, le mausolée repose sur de puissants murs de soutènement en pierre sèche, élevant l’édifice comme sur une colline artificielle, afin de le rendre visible de loin. Les terrasses supérieures sont encore entretenues, tandis que les plus basses se laissent doucement recouvrir par la végétation.
Un village atypique que celui de Pino, composé de multiples hameaux accrochés à la pente de la montagne, d’où l’on savoure le privilège d’une vue superbe sur la mer. Je l’avoue, j’ai mal exploré Pino. Je ne me suis pas rendue à la splendide tour génoise près de la côte, ni au manoir des Eiffel, ni aux autres mausolées, tous magnifiques, ni même à la petite maison-tour, si charmante, sur le chemin. Je ne connaissais tout simplement pas leur existence, à l’exception de la maison-tour que je n’ai pourtant pas pris la peine d’approcher. Quel dommage de se rendre compte que l’on passe à côté de chefs-d’œuvre d’architecture uniquement à cause de notre méconnaissance, au moment précis où nous avions l’opportunité de les découvrir.Extrait du journal d'un montagnard