Petit arrêt vers les rives desséchées du lac de l'Ospédale pour passer la nuit, desséchées en raison de la forte chaleur en ce mois d'août, mais même ainsi, elles préservent un charme insoupçonnée.
Je n’ai pas grand-chose à dire à propos du lac de l’Ospédale. C’est un lac artificiel qui, quand il est rempli, est absolument magnifique. Même asséché, il demeure beau, mais toute la magie opère lorsqu’il est possible de se hisser au-dessus d’une montagne et de le contempler : un gigantesque lac plein d’eau, et derrière lui, la mer. Un bassin dans un bassin !
Je n’avais cependant pas prévu qu’il serait desséché lors de mon voyage… mais c’était d’une certaine manière prévisible. Un rappel qu’en voyage, tout ne se déroule pas toujours comme prévu. Mais, merci seigneur, ce genre de désagrément fut le pire qui nous arriva. C’est dire le niveau : nous avons eu beaucoup de chance, car durant ce voyage nous n’avons rencontré presque aucune mauvaise surprise !
Je me rends bien compte que je n’en ai parlé à aucun moment dans ce carnet concernant les mauvaises surprises mineures, mais en Corse, méfiez-vous des parkings touristiques, que je qualifierais parfois de « sauvages ».
Il existe en Corse des parkings dits « légaux » qui, selon moi et d’après mes cours de droit de l’urbanisme, ne respectent pas toujours les normes. Pourtant, étrangement, ils ne font jamais l’objet de contrôle. On peut légitimement se demander si certains gérants et certains maires ne sont pas de mèche. Quoi qu’il en soit, les prix varient énormément : certains restent abordables — 6 € la journée, ce qui est honorable — même si vous pourriez souvent vous garer « à la sauvage » le long de la route sans craindre d’ennuis comme les locaux. Mais d’autres parkings affichent des tarifs tout simplement abusifs : 15 € l’entrée !
Je vais vous raconter deux mésaventures :
Première mésaventure : la plage de Rondinara
Superbe endroit, mais avec un gros bémol : le parking payant obligatoire. Le chemin en terre qui y mène ne comporte aucun espace de demi-tour. Résultat : vous êtes obligé d’arriver jusqu’au guichetier. Bien sûr, si vous décidez de repartir, il vous laissera probablement passer, mais la manœuvre reste malsaine. Sans panneau, sans avertissement, vous vous retrouvez contraint d’entrer dans ce parking payant uniquement pour pouvoir faire demi-tour. Le message est clair : pas le choix, il faut payer.
Deuxième mésaventure : la montagne de Ghjuncaghjola par la plage de Santa Giulia
Il n’existe pas trente-six moyens simples d’y accéder. Le plus pratique reste de passer par la plage et son ponton. Mais là encore, préparez-vous : le parking est à un prix exorbitant, entre 10 et 15 €, juste pour une place, et cela pour aller ensuite faire trois heures de randonnée. C’est littéralement de l’extorsion. Mon père s’était arrêté un instant sur le bas-côté pour me laisser descendre et commencer la marche. Un homme s’est alors approché pour lui dire qu’il devait passer par le parking et qu’il n’avait pas le droit de se garer là. Je lui ai répondu, d'une voix un peu forte : « Nous sommes seulement arrêtés pour un court moment, pas garés. Il n’y a aucun marquage au sol qui l’interdit, nous sommes dans notre droit. » Il est parti en grommelant. Mais l’avarice de ces gens est sidérante : ils ne voient pas les touristes comme des êtres humains, mais comme une tirelire géante, moi je suis étudiant, mauvaise pioche, j'ai pas un rond sur moi !
Voici, le bâton d’un grand homme, dont il ne reste plus que des échos perdus au cœur de la nature corse. Bien qu’il ait disparu depuis longtemps, la nature n’a jamais cessé de suivre ses anciennes directives : protéger coûte que coûte son bien le plus précieux.
Le bâton de berger, tout dans son bois usé, murmure qu’il a guidé d’innombrables ovins égarés, commandé et calmés les fidèles chiens de troupeaux, et repoussé les dangers impétueux de la montagne. Sa taille laisse deviner que son maître était un colosse. Mais même les plus grands finissent par tomber, et tôt ou tard, quelqu’un reprendra l’héritage funeste qu’il a laissé derrière lui.
