Pont Altiani

Durant plusieurs siècles, dans un souci de sécurisation et de dynamisation de la Corse, la République génoise a construit énormément de ponts, notamment entre le XIIIe et le XVIIe. Ces ponts permettaient entre autres l'acheminement des civils, des marchandises et des troupes. Il faut comprendre qu'à la différence des Corses, les Génois n'étaient pas chez eux : ils devaient donc «pacifier» ces nouvelles terres de leurs dangers potentiels, qu'ils n'avaient pas appris à surmonter autrement que par le modernisme. Ces constructions sont issues de l’occupation de l’île par Pise et Gênes. Elles sont un exemple évident du réaménagement et de la réorganisation économique insulaire favorisant les échanges de l'intérieur de l'île vers les côtes à l'extérieure, afin de commercer avec les ports des autres puissances. Ces ponts, dits « ponts génois », sont des constructions bien souvent en pierre, qui se démarquent par un dos-d’âne et une ou plusieurs arches supportant un tablier étroit dont la largeur correspondait, selon l’antique norme, au croisement de deux mulets bâtés.

À Altiani, le pont d'aujourd'hui n'est pas le premier ayant permis de traverser le Tavignano. Celui qui l’a précédé, fut détruit lors d’une violente crue en 1697. C’est à la fin du XVIIᵉ siècle qu’un nouvel ouvrage fut érigé, celui que nous connaissons. Ses fondations sont construites directement à même un rocher, un bloc de schiste sombre. Il se distingue par ses trois arches : deux latérales plus modestes qui encadrent une arche centrale beaucoup plus vaste. La chaussée, étroite, ne dépasse pas 2,60 mètres, et chaque travée s’étend sur une dizaine de mètres, parfois un peu plus. À noter ses petites corniches sur les côtés, qu'on ne retrouve pas chez les plus petits ponts génois, moins sophistiqués, permettant aux rambardes de ne pas empiéter sur la chaussée, mais plutôt d'être supportées par les murs du pont.

Ce qui est étonnant, c’est qu’à une époque, des voitures et même des poids lourds pouvaient emprunter cet itinéraire pour se rendre à Corte. Depuis, bien sûr, la commune s’est rendu compte que faire passer des véhicules aussi gros sur un pont aussi vieux n’était peut-être pas une si bonne idée, surtout au vu des dégradations quotidiennes qu’il subissait du fait de leur passage.