Sentier des Douaniers - Saint Florent à Phare de la mortella
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Sentier des Douaniers - Saint Florent à Phare de la mortella
Publiée le 16/09/2025
Notre premier sentier des douaniers de ce long voyage : un festin pour les yeux, où chaque crique semblait sculptée pour émerveiller. Mais les nombreux bateaux de luxe, pullulaient à chaque recoin, gâchant trop souvent le paysage..
Alors que je quittais Saint-Florent à l’aube, vers six heures, le port était encore endormi sous le soleil naissant, ce géant de feu indéfectible qui, depuis toujours, suivait les Hommes. J’avais intérêt à le distancer, à être le plus loin possible sur le sentier quand il serait à son zénith. Ainsi, je m’aventurais sur le sentier des douaniers.
Un sentier absolument sublime, où de criques en criques je découvrais les merveilles de la nature, reflétées dans l’azur éclatant de l’eau et bordées de falaises de calcaire blanc. Hélas, le vent marin ne m’accompagnait pas. Nous étions, pour ainsi dire, les seules âmes présentes, de ce fait, plus le temps passés, plus nous suffoquions dans la chaleur.
Parfois, des bateaux se dévoilaient à ma vue, troublant la beauté du paysage. Ils pullulaient, tels des mouches sur une carcasse, dans chaque baie, près de chaque plage. L’ironie voulait qu’ils fussent plus nombreux que les rares randonneurs qui, en cette matinée, erraient sur le sentier. L’un d’eux eut cependant la bonté d’indiquer le chemin à mon père avant que je n'eus le temps de lui répondre, ce qui vous laisse imaginer à quel point ils étaient proches des sentiers pour entendre les randonneurs parler. Ça devait être un chic type. Je ne leur en veux pas : quelle joie de partager un moment en famille sur ces jolies embarcations ! Mais ils étaient si nombreux que leur présence venait briser le calme fragile de ces lieux.
Puis vint un bras d’eau à franchir. Aucun courant ne le rendait dangereux, mais la seule manière de passer était de marcher dedans. Je m’exécutai. Quelle expérience : randonner sur des plages de sable blanc, sur des hauteurs où la terre orangée sèche devenait poussière sous nos pas, et enfin plonger dans cette eau azur pour continuer notre chemin. C’était magnifique, ah ah !
Enfin, le sentier s’élevait, et je découvrais le phare de la Mortella. Fier et immobile, il se dressait comme le gardien des horizons lointains. Depuis son sommet, la mer s’étirait à perte de vue. Mon voyage n’était pas fini, il me restait encore quelques kilomètres avant la destination finale. Mais deux pensées me vinrent à l’esprit :
Mon père, était épuisé. À cinquante ans, il demeurait courageux, m’accompagnant dans l’extrême majorité de mes pérégrinations en Corse. Par respect pour lui, il fallait songer au retour.
Et puis, à quoi bon rejoindre les plages de Lotu et de Saleccia ? Les bateaux à grande vitesse crachaient sans cesse leurs flots de touristes toutes les trente minutes. Nous n’aurions rien à contempler, si ce n’est un raz-de-marée de cris et de gestes frénétiques sur des plages qui ne méritaient pas un tel traitement, à ceux-là, je leur en voulais. Il y avait tant de plages en Corse accessibles en voiture… Pourquoi venir troubler le calme de ces criques sauvages, justement réputées pour leur inaccessibilité et leur beauté préservée ? l'Homme aime tant que ça l'inconnu ? Décidément, si le charme de ces lieux résidait dans leur inaccessibilité aux routes humaines, ce charme était aujourd’hui trahi par ceux qui avaient voulu capitaliser sur la paresse des gens, au lieu de laisser ces lieux aux marcheurs qui savent encore mériter et apprécier la nature.
