Croix de la Vacca Morta

Publiée le 26/09/2025
Randonnée à travers les hauteurs du massif de l’Ospédale, offrant une belle vue sur le lac mais aussi sur le golfe de Porto-Vecchio, qui sera d’ailleurs l’une de mes prochaines destinations !

La randonnée jusqu’à la croix de la Vacca Morta fut des plus agréables. En chemin, je croisai deux Corses qui m’accueillirent d’un majestueux: « Qu’est-ce qu’il vient nous faire chier, celui-là ! ». Charmant ! Ils pensaient sans doute parler tout bas. Finalement, ils se révélèrent plutôt aimables : ils me demandèrent ce que je faisais en Corse, me confièrent venir de Bastia, ils venaient donc de loin, trois heures de route minimum, échangèrent quelques mots, me donnèrent des conseils de randonnée, puis repartirent. Leur voix, portée par le silence de la forêt, résonnait encore longtemps après leur départ, j'avais l'impression d'être avec eux même quand ceux-ci disparurent dans la forêt, comme dans une scène de comédie.

La vue, elle, était splendide. Le lac de l’Ospédale, bien qu’à sec, gardait un charme certain, et le golfe de Porto-Vecchio se dessinait au loin, comme une prochaine étape à atteindre. La croix, modeste, portait un détail surprenant : un crâne de vache peint en noir.

La forêt de l’Ospédale est superbe. Difficile d’imaginer qu’en 1990, un incendie terrible en avait ravagé une grande partie. Sur mon chemin, un petit panneau me raconta la vie des bergers corses. J’appris qu’il existait une différence notable entre ceux du nord et ceux du sud : les premiers montaient seuls vers les hauts plateaux, laissant femmes et enfants dans les villages de moyenne montagne, tandis que dans le sud, les bergers emmenaient toute leur famille et construisaient de petites bergeries de fortune en altitude. Jusqu’à la mi-juillet, ils trayaient chèvres et brebis pour produire ce lait précieux qui donnait naissance au fromage le plus emblématique de Corse : le Brocciu.

Extrait du journal d'un montagnard #

Vue du golfe de Porto-Vecchio
Vue du golfe de Porto-Vecchio
Vue du golfe de Porto-Vecchio
Vue du golfe de Porto-Vecchio
Vue de la mer depuis la croix
Vue de la croix Vacca Morta
Vue de la croix Vacca Morta

Raisonnement personnel sur les actes de vandalisme des croix sommitales


Les calvaires sommitales en Corse : un patrimoine nombreux et respecté :

La Corse est particulièrement riche en croix et calvaires installés sur les sommets, les crêtes ou les cols. Leur implantation remonte à différentes époques, souvent portée par des confréries, des paroisses ou des initiatives communautaires, et leur nombre exact n'est pas recensé officiellement. Toutefois, on sait que des dizaines de croix sont visibles rien que dans certaines microrégions, et de nouvelles continuent d’être érigées chaque année. Il arrive régulièrement que des habitants, confréries ou associations portent à dos d’homme des croix en bois ou en métal jusqu’aux sommets, pour les installer ou les restaurer. Par exemple, fin avril 2025, l’association SOS Calvaires qui restaure le patrimoine religieux a planté 7 nouvelles croix dans l’île en à peine dix jours. Les confréries corses veillent à ces installations comme celle qui a financé et hissé à dos d’homme une croix de 6 mètres au Curnichjula en avril 2025, rappelant que ces calvaires sont des emblèmes forts de l’histoire et du patrimoine religieux.

Un respect local fort, peu de profanations en Corse :

Les calvaires corses bénéficient d’une forte protection sociale : ils sont investis de symbolique locale et rare sont ceux qui oseraient les dégrader. Les habitants des campagnes et montagnes insulaires sont souvent eux‑mêmes les bâtisseurs ou restaurateurs de ces croix, et ils les considèrent comme sacrés. Ainsi, lorsque des actes de vandalisme surviennent, le plus souvent il s’agit de tags politiques ou ethniques sur des édifices religieux, l’indignation est générale. Par exemple, à Poggio‑d’Oletta en Haute‑Corse des tags : Arabi fora, FLNC ont été découverts sur la chapelle San Chirgu, provoquant l’indignation du maire qui a dénoncé le « peu de respect des gens pour notre patrimoine » . En Corse, ces événements restent exceptionnels. La société insulaire, majoritairement rurale et de tradition catholique, punit socialement toute agression contre la foi locale, c’est pourquoi les calvaires sommitales y sont très peu ou pas vandalisés, contrairement à la métropole. 

Le « retour à l’état naturel » ou encore la « laïcité » invoqué par quelques vandales :

Certains casseurs cherchent à justifier leurs actes en invoquant un prétendu « retour à l’état naturel » des montagnes, comme si les calvaires étaient des « intrusions » humaines à effacer. Cette notion de statu quo invoquée par les vandales n'est rien d'autre qu'une haine antichrétienne mal dissimulée, car s'il s'agissait d'une véritable volonté de voir la montagne purgée de toute trace humaine, ces mêmes partisans s'en prendraient aux stations de ski, aux refuges, voir même aux villas isolés dans les montagnes, pourtant ce n'est pas le cas, ils s'en abstiennent totalement, ainsi le statu quo semble à géométrie variable. En pratique, les dégradations sont motivées par de l’anticléricalisme et de la christianophobie. En Corse, cette logique est marginale : il n’existe pas de grande mouvance autochtone anti-religieuse cherchant à « effacer » symboliquement le christianisme, au contraire, toute allusion à retirer les croix est perçue comme un sacrilège : la croix sommitale est vue avant tout comme un patrimoine à préserver et non comme un obstacle naturel à retirer, sur le continent.

Certains individus invoquent également le principe de laïcité lorsqu'ils les dégradent. La logique est la suivante : dans leur vision très stricte de la laïcité, tout signe religieux visible dans l’espace public serait une atteinte à la neutralité qui devrait régner dans la République. Ils considèrent qu’un calvaire, même ancien et enraciné dans la culture locale, est une forme de "marque religieuse imposée", là où l’espace public devrait être neutre.

Derrière cette position, il y a souvent une confusion entre laïcité et effacement du religieux. La laïcité française, telle qu’elle est inscrite dans la loi de 1905, consiste à séparer l’Église et l’État, à garantir la neutralité des institutions et la liberté de conscience des citoyens. Elle n’interdit pas l’expression religieuse dans l’espace public, ni l’existence de monuments anciens qui relèvent du patrimoine culturel. Mais certains militants laïcs radicaux en viennent à vouloir "purger" l’espace de toute référence religieuse, ce qui les pousse parfois à s’attaquer aux calvaires.

En Corse, ces actes ont aussi une portée symbolique plus forte : le calvaire peut être vu comme un signe de pouvoir religieux dominant, perçu par certains comme un rappel d’une autorité morale imposée, incompatible avec une société pluraliste et moderne. Ainsi, ce qui est patrimoine et identité pour les uns devient domination et exclusion pour les autres.

Le paradoxe, c’est qu’en cherchant à faire disparaître ces symboles au nom de la laïcité, ces personnes ne respectent pas la liberté religieuse et culturelle des populations locales. Elles s’inscrivent dans une démarche de destruction, qui est en réalité contraire à l’esprit même de la laïcité : celle-ci protège autant le droit de croire que celui de ne pas croire.

Vandalisme des lieux religieux en France : chiffres et exemples récents :

Mes hommages à la croix du col de la Crouzette, une croix vieille de plus de 300 ans, située dans les Pyrénées ariégeoises. Le 25 septembre, quelques jours seulement avant que je n’apporte ces dernières modifications à ce carnet, elle a été détruite, révoltant les bergers locaux et les défenseurs du patrimoine.

La France métropolitaine connaît depuis plusieurs années une recrudescence d’actes de vandalisme anti-chrétiens visant les édifices et symboles religieux. Selon un rapport parlementaire de 2022 et des données officielles, la tendance est à la hausse. Notamment :

Proportion élevée : 857 actes « anti-chrétiens » ont été comptabilisés en 2021, soit plus que ceux visant d’autres cultes. En 2023, le ministère de l’Intérieur a signalé un peu moins de 1 000 actes antichrétiens en France, représentant environ 41 % du total européen. Le caractère antichrétien prédomine : sur ces quelque 1 000 faits, 90 % sont des atteintes aux biens (croix, statues, églises, cimetières…). La Commission européenne indique également que 62 % des actes anti-chrétiens en 2023 étaient des dégradations de biens cultuels.

Exemples illustratifs : De nombreux cas récents ont été rapportés. En août 2025, la croix pluricentenaire du col de la Crouzette, dans les Pyrénées ariégeoises, a été brisée à coups de masse. Début septembre 2025, une croix en fer forgé située sur le boulevard de la Madeleine à Nice a été arrachée et jetée sur le trottoir, un acte dénoncé par le maire de la ville comme antireligieux et intolérable. Ces exemples illustrent clairement la tendance générale.

Évolution récente : Pour l’année 2025, plus de 400 actes antichrétiens ont déjà été recensés entre janvier et juin, contre 354 sur la même période en 2024, soit une augmentation d’environ 13 %. Ces actes concernent principalement des destructions de croix, des profanations d’églises, des incendies volontaires de statues ou des dégradations de tombes chrétiennes. L’ampleur du phénomène est telle que l’État renforce régulièrement la sécurité des lieux de culte, mobilisant par exemple plusieurs milliers de policiers à l’occasion des périodes religieuses sensibles.

En résumé, si les croix sommitales corses sont peu ou pas touchées par des actes de vandalisme, grâce à la vigilance collective et au respect de la foi locale, les calvaires en France métropolitaine subissent régulièrement des attaques motivées par l’hostilité envers les symboles chrétiens. Les individus invoquant le « retour à la nature » ne constituent qu’une minorité ; la plupart des profanations relèvent d’idéologies hostiles ou de malveillance motivé par la pseudo laïcité, et ciblent explicitement les lieux et signes religieux.

Les données issues d’observations locales, de témoignages, de rapports institutionnels et d’articles de presse confirment ce contraste et permettent d’en saisir l’ampleur.

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1 Voyage | 81 Étapes
Punta di a Vacca Morta, Levie, France
26e jour (25/08/2025)
Étape du voyage
Début du voyage : 31/07/2025
Liste des étapes

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