À l'ouest de la Corse, il existe un paysage comme aucun autre, les Calanques de Piana. Elles sont classées depuis 1983 au Patrimoine de l’UNESCO et depuis 1985 comme zone d’intérêt écologique, faunistique et floristique. Formées en granite rose et en formes pittoresques, c'est une destination incontournable de la Corse, il existe même divers contes et légendes au sujet de cet endroit, et je m'en vais vous en partager l'une d'entres elles !
Une vieille tradition corse raconte que les spectaculaires calanques de Piana doivent leur origine à une tragique histoire d’amour où Satan lui-même fut impliqué.
Un jour, alors qu’il errait sur les rives du golfe de Porto, le diable aperçut une jeune bergère et en tomba follement amoureux. Mais à sa vue, la jeune femme prit peur et se réfugia auprès de son mari, sous la protection de leur chien fidèle.
Blessé dans son orgueil et consumé de colère, Satan pétrifia les amants, les changeant en statues de pierre. Ainsi naquit le « cœur des amants pétrifiés », niché au cœur des calanques, gardien silencieux de leur amour éternel.
Mais sa fureur ne s’arrêta pas là : il frappa la montagne, y laissant des cicatrices rougeoyantes, comme marquées par le feu. Voyant ce paysage défiguré, Saint Martin passa par Piana et, d’un geste de bénédiction, adoucit cette œuvre infernale. Il offrit aux falaises la compagnie d’une mer turquoise, dont les eaux claires viennent apaiser la rudesse des roches.
De grands poètes sont également passés par cet endroit comme Guy de Maupassant : ''« À la nuit tombante, j'ai traversé les calanches de Piana. Je m'arrêtai d'abord stupéfait devant ces étonnants rochers de granit rose, hauts de quatre cents mètres, étranges, torturés, courbés, rongés par le temps, sanglants sous les derniers feux du crépuscule et prenant toutes les formes comme un peuple fantastique de contes féeriques, pétrifié par quelque pouvoir surnaturel''
Sur une de mes photos, on voit l’intérieur d’une grotte marine avec des parois rouges orangées. Il s'agit d'une roche appelée rhyolite. Les petits points blancs lumineux au plafond, semblables à de petites étoiles, sont des dépôts de calcaire ou de sel marin qui donnent cette allure blanchâtre.
Il est possible de voir ici et là des veines blanches qui cisaillent les montagnes. Il s'agit de filons de quartz. Le quartz est une roche très répandue, on en trouve beaucoup dans les Pyrénées. Mais saviez-vous que l’or et le quartz peuvent s’associer ? La présence de sulfures comme la pyrite, la chalcopyrite ou l’arsénopyrite dans le quartz augmente les chances qu’il y ait aussi de l’or. Souvent, dans les gisements hydrothermaux, formés par des fluides chauds en profondeur, l’or se dépose dans des veines de quartz. C’est pour cela que les chercheurs d’or examinent souvent les filons de quartz.
Un gisement hydrothermal se forme quand de l’eau s'infiltre dans des crevasses, au contact de fluides et de métaux chauds se réchauffent et circule en profondeur, elle dissout les métaux, puis les dépose en remontant aux étages supérieurs par l'effet de la pression et de la densité en se refroidissant dans des fissures de la roche. Cela crée des veines de quartz parfois enrichies en or, l’or ayant tendance à se fixer sur le quartz.
Cependant, il faut bien étudier la géologie du terrain. Les falaises des calanques de Piana sont constituées essentiellement de roches volcaniques rouges, la rhyolite, une lave acide riche en silice, issue d’anciens volcans corses. Ces roches contiennent beaucoup de silice, la base du quartz, ce qui leur donne ces teintes orangées à rougeâtres. Cependant, elles ne sont pas connues pour contenir de l’or. La géologie locale n’est pas celle des filons aurifères classiques. Ainsi, si les calanques présentent des veines de quartz remontant à la surface, elles sont probablement dépourvues d’or, à notre plus grand désarroi…
Avez-vous vu l'une des dernières photos ? Des poissons ! Près de l'embarcation, des petits poissons aux corps fuselés, argentés, légèrement bleutés, nagent en banc. Il s'agit peut-être d'oblades, je n'en sais rien, mais ils sont très nombreux en Méditerranée, proche des côtes.
Oh, et avez-vous vu ces petits arbres au sommet des falaises ? Ils semblent pousser à même la roche, ce qui est plutôt impressionnant. En réalité, ils ont des racines capables de capturer la moindre crevasse pour s’y ancrer solidement. Ce sont des arbustes de paroi, dont les racines sont adaptatives et peuvent s’enfoncer très profondément, ne serait-ce que pour atteindre un sol primaire composé de matières organiques, comme la mousse ou le lichen décomposés sur les roches.
Vous verrez par exemple l’Éternel, un arbuste qui compose le maquis, résistant à la sécheresse, au feu et au vent. Sur ce genre de falaises abruptes et sèches, propices aux incendies, la sélection naturelle des plantes est rude : seules les plus extrêmes survivent et colonisent le paysage.