Calvi est une commune située en Haute-Corse, au nord-ouest de l’Île de Beauté. Elle se trouve au cœur de la Balagne et constitue sa capitale touristique, entre mer et montagne.
Selon le récit romanesque et douteux de Giovanni della Grossa, l’actuelle Calvi aurait succédé à une ville fortifiée nommée Cordovella construite par les autochtones. À cette époque, les Sarrasins Ali, un missionnaire et Lanzancissa, un guerrier y aurait débarqués pour convertir les Corses à l’islam, l'important dans cette histoire, serait de retenir qu'il existait un ''avant Calvi'' déjà fortifié.
En 1161, Gênes prend possession de plusieurs places fortes, dont l'ancien Calvi et Bonifacio, et grâce à des familles ligures installées sur l’île depuis le XIIe siècle, elle contrôle le commerce dans le sud ainsi que dans le Cap Corse : Par la suite, Calvi et Gênes se lieront par des pactes d'alliances qui ne seront jamais rompus, Calvi va représenter avec Ajaccio, Bastia et Bonifacio l'une des quatre présides génois chargés de surveiller la population ainsi que les routes maritimes.
La création de Calvi en tant que cité remonte à 1276. La cité génoise avait un double rôle : d’une part, permettre aux Génois de s’implanter durablement en Corse, politiquement et militairement parlant, ces derniers subissant des assauts répétés par les Sarrasins et les seigneurs locaux et d’autre part, créer un relais commercial avec un port suffisamment grand pour commercer avec les autres puissances. Car il ne faut pas oublier que les Génois ne sont pas sur leurs terres : ils se font maîtres des Corses par la force. Ainsi, les révoltes sont fréquentes contre Gênes. Il fallait donc sécuriser en priorité les ports et les marchands, qui possédaient des marchandises à la valeur parfois inestimable, souvent prises pour cibles par les révoltés.
La cité s’est d’abord concentrée autour de son centre historique, la citadelle militaire, qui surplombe la baie et constitue le cœur fortifié de Calvi. Cela paraît évident, mais la majorité des Corses, surtout les notables autochtones comme les seigneurs locaux, n’ont jamais porté les Génois dans leurs cœurs, vus comme des colonisateurs étrangers sans légitimité. Ainsi, c’est par la force que Gênes a dû s’implanter, et cette citadelle en est l’exemple parfait.
« Civitas Calvi Semper Fidelis » est la devise de cette ville, donnée par Gênes. En effet, la fidélité de Calvi à la Sérénissime République n’est plus à démontrer. En raison de cette loyauté, la ville se dressa contre Pise, à l’époque où les deux puissances se disputaient la Corse. Mais aussi durant le siège de Calvi de 1794 par les troupes françaises, elle lutta aussi contre la Grande Révolte des Corses de Pascal Paoli, témoignant de son profond ancrage avec ses racines génoises. Calvi n’est donc pas une cité opportuniste, mais une cité qui défend chèrement son identité.
On peut toutefois le voir d’un autre œil : se faire alliée des oppresseurs et esclavagistes que représentaient les Génois à l’époque de la colonisation pouvait être perçu comme un choix sécuritaire. Mais le fait qu’elle soit restée dans ce camp lors du déclin de Gênes témoigne de sa véritable force, ou peut-être n'avait-elle pas le choix, car à l'époque la majorité des notables de Calvi étaient Génois : Capitaine militaire, armateur de navire, maître de domaine etc...
''J’ai principalement flâné près de la citadelle de Calvi. Après autant de marche ces derniers jours, je n’avais pas le cœur à me déplacer trop loin. Cependant, j’y ai aperçu ma prochaine destination : le mont Occi, indiqué par une table d’orientation sur un belvédère de la citadelle.''
Extrait du journal d'un montagnard
La Légion étrangère est établie à Calvi. Depuis 1967, le 2ᵉ Régiment étranger de parachutistes y est basé, au camp Raffalli, à proximité de la ville. C’est aujourd’hui le seul régiment parachutiste de la Légion étrangère et l’un des plus prestigieux, souvent engagé dans des opérations extérieures : Il existe un internat dans l'enceinte de la citadelle de Calvi où logent les recrues de la légion,
''Eh bien, que de grands bonhommes dans cette citadelle ! « Honneur et fidélité », telle est leur devise à la Légion, ce qui va à merveille avec celle de Calvi, « Civitas Calvi Semper Fidelis », la ville fidèle qui n’a jamais trahi les Génois. Savoir qu’aujourd’hui elle est gardée par l’un des corps d’armée les plus vénérables de France lui ajoute un prestige indéniable. Ils tiennent un bâtiment et une exposition pour montrer aux civils qui ils sont. Moi aussi, je veux m’attribuer une devise de la Légion, « marche ou crève », qui irait bien au vu de l’entreprise de mon voyage. J’admire l’abnégation de ces hommes ayant tout rejeté pour servir autrui, capables de faire don de soi, de ne plus être un « je » mais un « nous », à l’unisson, des gens de l’ombre qui naissent et tombent sans que personne ne se souvienne d’eux. Je me rappelle de trois chants légionnaires parlant de soldats tombés, un thème omniprésent dans la Légion : l’un disait « Deux morceaux de bois en guise de croix, un nom, qu’importe si ce n’est pas le bon, c’est un légionnaire », l’autre « Ici même, les tiens t'ont oublié, nous chantons pour toi », et le dernier « Sur sa tombe, une simple croix s’élève, sur laquelle ces seuls mots sont inscrits : il a servi honnête et fidèle, au 1er étranger de cavalerie ». Le message est clair : le légionnaire n’existe pas pour lui-même, mais à travers la Légion, il n’est qu’une pierre à l’édifice ; s’il tombe, quelqu’un prendra sa place. Et pourtant, même s’il n’existe qu’à travers le groupe, la Légion lui rappelle que chaque homme doit mener une lutte, qu’il doit être capable de remporter n’importe quelle bataille par ses propres moyens. Une telle mentalité fait froid dans le dos ; elle est impressionnante, et ceux qui la résumeraient à un simple endoctrinement, sans plus de profondeur, tomberaient dans un syllogisme simpliste.''
Extrait du journal d'un montagnard #
« [...] Calvi, l'une des places principales de la Corse, tant à cause de son ancienneté qu'à cause de la beauté des maisons aussi bien bâties que le comportent les ressources du pays. Il y a quelques années, Calvi comptait environ quatre cents feux ; on y voyait beaucoup de belles maisons avec leurs puits. Il y avait aussi hors de la ville un magnifique faubourg. Mais la dernière guerre a ruiné complètement les maisons extérieures et fort endommagé celles de la ville elle-même. Les rues sont un peu étroites, l'air est excellent, les habitants très polis. Calvi est situé sur une éminence dont la forme ressemble à une balle ronde, et sur le bord de la mer qui l'entoure aux deux tiers. Il y a plusieurs années, l'Office de S. Georges y a fait bâtir une très belle forteresse, laquelle a coûté, au dire de quelques-uns, plus de soixante mille livres de Gênes. »
— Agostino Giustiniani in Dialogo nominato Corsica, traduction Lucien Auguste Letteron in Histoire de la Corse, Description de la Corse - Tome I, p. 21L’architecture des maisons de Calvi est classique. La plupart sont des « maisons blocs », c’est-à-dire en forme de parallélépipède allongé avec un toit à un ou deux pans, souvent carrées ou rectangulaires, collées entre elles de manière mitoyenne. Ce sont des maisons assez simplistes, témoignant de leur ancienneté, car aujourd’hui, les maisons ont des formes plus variées. Les façades sont en pierre enduite de couleurs claires, souvent des tons pastels comme le jaune ou le rose, avec des toitures en tuiles rouges ou orangées. On trouve également quelques balustrades et balcons en fer, qui semblent plus modernes.
L’architecture de la citadelle est également classique : elle constitue un exemple remarquablement bien conservé de la fortification bastionnée pré-Vauban, qui a prospéré en Corse sous l’égide des Génois entre la fin du XVe siècle et le dernier tiers du XVIe siècle. Les murailles sont irrégulières et ne forment pas de formes parfaites, mais semblent se rapprocher d’un carré aux formes angulaires, j'y ai vu trois bastions en orillon aux angles des murailles et la tour du Sel qui comptait comme le quatrième. Elles sont construites en pierres calcaires locales, et les remparts sont ornés de quelques échauguettes.
Fondée à la fin du XIIIᵉ siècle, elle fut endommagée et agrandie à plusieurs reprises jusqu’au XVIIIᵉ siècle. Elle est érigée en cathédrale en 1576.
Un retable, signé Barbagelata, est daté de 1498.
Le maître autel, en marbre polychrome, dans la veine très élégante de la Renaissance ligure, a été offert au XVIIᵉ siècle.
De part et d’autre se trouvent :
un autel en stucco lustro du Christ Noir dit des Miracles
et l’autel du Rosaire qui abrite la Vierge du Rosaire, datée du XVIᵉ siècle, très vénérée et portée lors du vendredi saint.
Un important baptistère en marbre, offert en 1569, témoigne de l’enrichissement de certains calvais expatriés au Nouveau Monde.
Une chaire à prêcher en bois doré, datée de 1757, complète ce beau témoignage architectural de l’art baroque en Corse.
L’orgue est également remarquable puisqu’il s’agit de l’un des orgues les plus anciens de Corse en état de parler, datant de 1774 et signé du facteur d’orgues génois Giovanni Battista Ciurlo.
La cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Calvi est de style baroque corse. Partiellement transformée en fortin, elle conserve aujourd’hui surtout sa façade occidentale, percée d’un unique portail. Son plan adopte la forme d’une croix grecque : une nef principale prolongée à l’est par le chœur où s’élève le maître-autel, le tout séparé par une balustrade. La nef est flanquée de deux bas-côtés, et deux chapelles latérales encadrent le chœur : à droite celle du Christ Noir des Miracles, et à gauche celle de Notre-Dame du Rosaire.
J'aime beaucoup la pierre des façades extérieures du bâtiment qui par son vieillissement à commencer à changer de couleurs sur certains pans du bâtiment, la rendant assez originale et cassant les styles des églises monocolore.
L’oratoire Saint-Antoine Abbé de Calvi, construit au milieu du XIVᵉ siècle par une confrérie du même nom, est un édifice roman avec une nef voûtée en berceau brisé et un clocher mur refait au XIXᵉ siècle. En 2022, une tempête a causé de lourds dégâts : une partie de la toiture et plusieurs fenêtres ont été arrachées, et les pluies ont fortement détérioré le mobilier liturgique de l'édifice, aujourd'hui il ressemble d'avantage à des ruines qu'à un oratoire, il est très loin de sa gloire passée.
''Alors que je me promenais dans les boutiques de Calvi, j’y ai vu des bijoux resplendissant d’un rouge pénétrant qui ont tout de suite attiré mon regard : des bijoux de corail rouge, l'or des marins de Corse. Ils ont une grande signification ici, puisque les corailleurs risquaient leur vie en Méditerranée pour en rapporter ne serait-ce que quelques branches. Ce fut l’une des économies les plus florissantes de l’île qui ne connut presque aucune restriction imposée par Gênes puisque la bourgeoisie génoise en raffolait. Et je les comprends : ces bijoux sont magnifiques !
J’en ai pris un pour ma petite amie, ça lui a fait plaisir. Quant à moi, je n’ai jamais été très bijoux, je préfère connaître la symbolique derrière ses bijoux : La légende raconte qu’après avoir tranché la tête de Méduse, des gouttes de son sang tombèrent dans la mer et furent absorbées par des algues. Lorsque Persée les y jeta, elles se changèrent en pierre rouge sous le regard de la Gorgone. Ainsi serait né le corail rouge. Considéré comme le sang de la mer, il est non seulement d’une grande beauté, mais aussi réputé pour porter bonheur et éloigner le mauvais œil, ironique quand on sait que, d’après la légende, Méduse aurait été la première reine de Corse et qu’elle aurait imprégné l’île entière de ses charmes maléfiques avant d’être vaincue. Comment, dans ce cas, ses larmes pourraient-elles éloigner le mauvais œil ? Enfin, ce n’est qu’une légende, inventée pour ajouter un peu de mysticisme à nos vies moroses. Mais tout de même, un peu de cohérence, parbleu !''
Extrait du journal d'un montagnard
Le Corallium rubrum, aussi appelé corail rouge, endémique à la Méditerranée occidentale, est utilisé depuis la Préhistoire comme bijou d'apparat ou de protection.
Exerçant un métier à haut risque, le corailleur peut plonger à plus de 100 mètres de profondeur pour cueillir cette espèce à la fois animale, végétale et minérale. Cet or rouge est alors remis au joaillier dont les mains expertes découpent, meulent, percent et polissent le corail pour prendre la forme de multiples modèles, mais qui chaque fois, transmettent le pouvoir intrinsèque à sa légendaire matière rouge.
Les créateurs de bijoux de pairs avec les corailleurs lient tradition et innovation. Depuis toujours, le bijou accompagne les différentes étapes de la vie : naissance, baptême, communion, mariage, mort… Car au-delà de sa valeur esthétique, il possède souvent une dimension magique ou sacrée.
Chaque objet porté autour du cou, au poignet, ou encore accroché au viculu – le berceau du nouveau-né – agit comme un talisman, un brevu, destiné à protéger du mauvais œil.
Par exemple il existe l'Ochju di santa Lucia, aussi appelé l'œil de Sainte Lucie qui est un objet de protection, mais aussi la main de corail, une main fermée, pouce coincé entre l'index et le majeur ou faisant les cornes, rappelant ses branches, c'est un objet de protection contre le mauvais œil. C'est ainsi que l'on peut retrouver auprès de l'enfant tous ces porte-bonheur associés à une croix ou à une médaille.