Ghjesgia di a Trinità

Publiée le 14/09/2025
Perchée au sommet d’un promontoire, la Ghjesgia di a Trinità, chef-d’œuvre de l’architecture romane, n’est pas uniquement le lieu de repos des morts : elle accueille tout aussi bien les vivants en son sein.

Ghjesgia Di a Trinità, chef-d'œuvre parmi les églises romanes

L’église de la Sainte-Trinité située à Aregno, est un véritable bijou de l’art roman corse. Construite vers l’an 1100, elle se distingue par sa façade en blocs de granit de trois couleurs : le beige, le vert et le roux, symbolisant respectivement le Père, le Fils et le Saint-Esprit. L’arc qui surmonte la porte principale illustre aussi une dimension spirituelle forte, avec ses sept claveaux foncés et huit clairs : le chiffre 7 appelle l’homme à se tourner vers Dieu, tandis que le 8 symbolise la résurrection. Dès l’origine, cette église a occupé un rôle central dans la vie du territoire : lieu de culte, elle fut également église piévane, église de référence dans un secteur géographique donné, espace d’inhumation jusqu’au XIXe siècle grâce à une sépulture commune appelée « arca », et même tribunal de première instance jusqu’au XVIe siècle.

Son architecture, fidèle aux principes romans, est simple et harmonieuse : une nef unique couverte d’une charpente en bois, une abside semi-circulaire, et des élévations construites en moyen appareil régulier jouant sur des contrastes de couleur. Je rappelle ici que ''l'appareil'' en architecture est la tâche de l'appareilleur à poser selon une certaine technique les pierres de tailles, les dalles, les murets, les moellons de sorte à ce que cela crée un certain motif, et que cela s'imbrique parfaitement pour améliorer la résistance de l'ouvrage, L’extérieur est orné de frises géométriques et de sculptures représentant des figures humaines, animales et végétales, qui complètent la dimension symbolique du monument. À l’intérieur, on trouve des fresques monumentales datant du XVe siècle, dont certaines de 1458, représentant les quatre Docteurs de l’Église – Saint Augustin, Saint Grégoire, Saint Jérôme et Saint Ambroise – tenant chacun une Bible, ainsi qu’une fresque de 1448 montrant l’Archange Saint Michel terrassant le dragon, symbole de la victoire sur le Mal. Ces fresques, classées Monuments Historiques depuis 1883, témoignent de la richesse iconographique et pédagogique de l’époque : elles avaient pour fonction d’enseigner la foi à une population largement illettrée.

L’église d’Aregno s’inscrit dans un ensemble plus vaste : plus de deux cents églises romanes furent construites en Corse entre le XIe et le XIIIe siècle, parallèlement à une réorganisation ecclésiastique. Ces édifices, bâtis principalement avec des matériaux locaux (granit, schiste, calcaire, cipolin, serpentine), se caractérisent par une homogénéité architecturale : plan simple, toiture en lauzes ou en tuiles, décor géométrique et animalier. Si leur construction et leur style trouvent des racines dans l’art toscan et sarde, ils témoignent surtout des nombreux échanges culturels qui irriguaient la Méditerranée occidentale au Moyen Âge.

Vue extérieure de l'église
Vue extérieure de l'église.2
Vue extérieure de l'église.3
Vue extérieure de l'église.4
Vue extérieure de l'église.5
Vue intérieure de l'église
Vue intérieure de l'église.2
Vue intérieure de l'église.3
Vue intérieure de l'église.4
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1 Voyage | 81 Étapes
Aregno, Corse, France
10e jour (09/08/2025)
Étape du voyage
Début du voyage : 31/07/2025
Liste des étapes

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