Petit arrêt dans un charmant village du nom de Tollare, il a beau être minuscule, moins d'une trentaine d'habitations, il n'en demeure pas moins joli.
Tollare le village au bout de la Corse
Tollare est un ancien port de commerce à l'extrême nord du Cap Corse, il servait principalement de lieu de stockage et d'échange de marchandises, sans population permanente. Les maisons à un étage avec rez-de-chaussée voûté, appelées ''Magazzini'' témoigne de cette activité commercialepassée. Il est possible depuis le calvaire du village, en face de la mer immense, d'avoir un superbe point de vue sur l'îlede la Giraglia, et de commencer le sentier des douaniers.
La tour de Tollare est une des composantes du réseau des 85 tours génoises édifiées à partir du XVIe siècle pour défendre le littoral Corse des attaques de pirates barbaresques.
Elle apparaît dans la documentation écrite en 1585 et elle a été construite sûrement avant 1573. C'est la communauté d'Ersa qui fournit les deux gardiens assurant le guet et le contrôle de la navigation. En 1771 elle est le point de départ des levés topographiques destinés à la confection de la méridienne du Plan terrier : C'est à dire qu'après avoir conquis l'île, le pouvoir Français va la cartographier entièrement afin de connaître précisément le peuple qu'elle entend régir, et les droits et devoirs qu'elle devra lui appliquer, le but étant bien sûr que personne ne tente d'échapper à l'autorité de la couronne.
Récupérée par l'état après 1796 et gérée par le génie militaire, elle est affectée au service de l'enregistrement et des domaines en 1857, elle a été rétrocédée à la commune d'Ersa en 2017, aujourd'hui, il semblerait même qu'elle ait été vendue à un particulier.
Tollare est l’un des villages les plus chaleureux et joyeux qu’il m’ait été donné de voir. Si joyeux qu’à vrai dire, sur le moment, cela en devenait presque agaçant. Après une longue journée de marche, je m’attendais à découvrir un hameau désert, aux quelques rares maisons silencieuses. Mais au lieu de cela, j’ai trouvé une trentaine d’habitants, jeunes et vieux confondus, qui s’amusaient tous gaiement. Certains préparaient les tables pour dîner dehors, les jeunes se baignaient au port, les adultes et les anciens discutaient ensemble sur une grande terrasse commune, tandis que d’autres s’étaient installés sur les bancs. On aurait dit une fête, et pourtant ce n’en était pas une. Si une telle ambiance régnait chaque soir au village, alors Tollare devait être un véritable concentré de convivialité. Il n’y avait bien qu’aux abords du grand calvaire que je n’ai trouvé personne, et où j’ai eus une paix relative. Cela peut sembler exagéré, mais ce ne l’était pas.
Je me suis même surpris à penser que Tollare, ce petit village habituellement mort en basse saison, s’était transformé en colonie de vacances. En réalité, il est probable que les quelques maisons proches du port soient louées en période estivale. Le centre du village n’en compte pas plus d’une quinzaine, les autres se trouvant plus loin, dans un lotissement. Quoi qu’il en soit, c’est un endroit parfait pour passer des vacances : un village minuscule, niché à l’extrémité du Cap Corse, à l’écart des foules. Je dénotais d’ailleurs beaucoup parmi les autres villageois : une démarche pressée, les vêtements et les chaussures de randonneurs sales, probablement l’odeur qui allait avec, et une mine très fermée, conséquence de la longue journée de marche et du fait que je me sentais comme un intru dans cette communauté, bref, Tollare, un chouette village où les touristes ne s’aventurent jamais, enfin, presque jamais.
