Observez ce splendide voilier dans le port de Bonifacio. Il pourrait s’agir d’une goélette, car il possède deux mâts principaux, le grand mât arrière semblant plus haut que le mât de misaine, ainsi qu’une coque effilée et fine. La coque, peinte en blanc, évoque prestige et noblesse, tandis qu’une fine lignée de flottaison rouge contraste élégamment. Pour seul motif décoratif, une ligne s’étend sur toute la coque, se terminant par un motif arabesque à l’arrière du navire. Le bois des cabines et du rouf paraît verni et étincelant, qu’il s’agisse de bois vernis ou de contreplaqué, il est impossible de le savoir à distance. Les haubans et cordages sont nombreux ; ce n’est pas un petit voilier simpliste, il peut probablement supporter de nombreuses voiles, au moins trois, peut‑être même plus, ces modèles en ont 5 en moyenne.
En bref, c’est un grand voilier d’exception, élégant, qui semble vouloir renouer avec le style traditionnel des voiliers du XVIe siècle, bien loin du style architectural et décoratif du voilier d'aujourd'hui.
Extrait du journal d'un montagnard #
La fameuse grotte sous Bonifacio… Elle paraît suffisamment profonde pour laisser entrer un navire, mais les vagues viennent se briser à l’approche de ses parois étroites, et la différence de profondeur entre la mer et la cavité, et la différence de courant qui en résulte, rendrait l’amarrage extrêmement compliqué, voire impossible, sans d’abord construire des écluses pour stabiliser le courant. Et encore, rien ne garantit que la profondeur y soit réellement suffisante. En bref, le projet d’un port souterrain devra attendre un peu !
À droite, on distingue le fameux Gouvernail de la Corse, le point le plus proche de la Sardaigne, offrant une vue directe sur les montagnes sardes. Je n’y suis pas allé, l’entrée étant payante et le panorama, à mon goût, un peu surcoté comparé à un bon vieux sentier des douaniers. Mais le monsieur du bar est gentil !
Il y a cependant un détail intéressant qu’il ne faut pas oublier : le Gouvernail de la Corse n’est pas qu’un belvédère touristique. C’est avant tout un ancien ouvrage militaire, creuser vers 1890 par le génie militaire français. Il est constitué de plusieurs galeries souterraines, dont le niveau le plus bas mène à un observatoire creusé dans la roche, permettant de surveiller le détroit de Bonifacio. Naturellement, il est situé à l’extrême sud de l’île. Et devinez quoi ? La grotte se trouve à quelques mètres à peine, sur sa droite ! Avec une petite bifurcation, on pourrait très bien imaginer relier les deux et donner vie à notre projet de port souterrain secret… Qui sait, peut-être que les Français y avaient déjà songé, comme à une sorte de bunker dissimulé au cœur de la falaise.
D'ailleurs, cet observatoire est appeler comme ça en raison du rocher sur lequel il est construit qui fut surnommé ainsi par les pêcheurs en raison de sa position à l'extrême sud et de sa forme élancée.
Extrait du journal d'un montagnard #
Au loin, on peut admirer la superbe ville fortifiée de Bonifacio. D’un côté, les maisons paraissent toutes agglutinées au bord des falaises, comme suspendues au-dessus du vide ; de l’autre, on distingue une rainure verticale qui descend de la ville jusqu’à la mer. Ce n’est pas une fissure naturelle, mais un escalier : l’escalier d’Aragon, pour être précis !
Il mène à un ancien puits situé dans une grotte aujourd’hui fermée, en contrebas de la cité, ainsi qu’à un sentier longeant les falaises près de l’église Saint-Roch, également inaccessible de nos jours. La légende raconte que cet escalier aurait été creusé en une seule nuit, en 1420, par les troupes du roi d’Aragon lors du siège de Bonifacio.
Il est possible de voir également à la droite des maisons une grande tour génoise blanche dont les escaliers en colimaçon sont extérieurs à l'édifice, elle est malheureusement inaccessible, il s'agit de la tour de Torrionne, une ancienne réplique d'une tour déjà existante vers 1450, elle est construite sur une ancienne caserne militaire !
Extrait du journal d'un montagnard #
Je confirme désormais, à l’image, qu’en effet sur le cap de Pertusato, on peut voir un petit promontoire artificiel fait de pierres de taille, ainsi qu’une sorte de niche le surplombant, la même qu’au Capu di Muru. Reste à savoir s’il s’agissait de petites niches où l’on allumait des feux pour éclairer les voyageurs en mer, ou bien de niches religieuses.
L'archipel des Lavezzi est un ensemble de 23 petites îles granitiques situées en mer Méditerranée, entre la Corse et la Sardaigne. Ces îles se trouvent dans la réserve naturelle des Bouches de Bonifacio et sont inhabitées, à l’exception de l’une d’entre elles, fréquentée de manière hebdomadaire par des touristes fortunés.
L’île principale, Lavezzo, est celle où j’ai débarqué pour explorer les environs. Dès les premiers pas, quelque chose interpelle : l’environnement est uniforme sur l’ensemble de l’île. Il s’agit d’un immense chaos granitique, ponctué de quelques bancs de terre et de sable, sur lequel s’épanouit une végétation principalement composée de maquis et d’herbes. Aucun arbre n’y pousse, mais les arbustes sont nombreux.
Au sein de l’île, plusieurs monuments méritent le détour : le vieux phare, le cimetière marin, le monument aux morts des marins, ainsi que les multiples plages et criques disséminées à travers l’île. Il y a également une bergerie, et même, paraît-il, les ruines d'une ancienne église introuvable pour ma part !
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Le naufrage de la Sémillante est un événement tragique de l'histoire Bonifacienne : Le 15 février 1855, le navire français la Sémillante faisait naufrage sur les rochers des îles Lavezzi. Cette frégate, fleuron de la Marine française, s’était élancée du port de Toulon, direction la mer Noire et la guerre de Crimée, avec à son bord quelque 300 marins et 400 soldats. Renonçant à doubler la Sardaigne par le sud pour cause de mauvais temps, le capitaine s’était engouffré dans les bouches de Bonifacio mais fût surpris par l'archipel et ses rochers traîtres dépassant à peine de l'eau. Les deux cimetières présents sur l’île accueillent les dépouilles des corps repêchés. Il n’y eut aucun survivant. Au loin, la Pyramide de la Sémillante rappelle le lieu précis du naufrage, afin que chacun puisse se souvenir de ce triste jour et commémorer la mémoire des défunts français tombés pour leur patrie.
Extrait du journal d'un montagnard #
Il faut souligner que le vieux phare est étonnamment grand, le plus grand que j'ai rencontré pour l'instant en Corse : il fait la taille d’une modeste maison à étage de 8 à 10 m de long pour 6 à 7 m de large, surmontée d’une petite tour à lanterne, et possède même un balcon. Sur son côté gauche, il semble abriter un entrepôt relié par un couloir, et en contrebas des escaliers, bien que je n’aie pas pris de photo, on distingue deux petites maisons mitoyennes, en blocs d’une dizaine de mètres, prises ensemble, dont l’une possède un étage, ainsi qu’une arrivée d’eau agencée aux bâtiments. L’ensemble paraît bâti sur un socle en béton à certains endroits, et en pierre de taille à d'autres, signe qu'il est vieux et fût rénové voir agrandit à travers le temps, ce qui me fait me demander si l’édifice ne cache pas des souterrains. En tout cas, il est doté d’une enceinte en béton et d’une porte en bois en partie détruite, ainsi que d’un port minimaliste à l’arrière de l’édifice et à l’extérieur de l’enceinte.
En bref, bien que l’édifice soit probablement insalubre à l’intérieur, il demeure que, s’il était rénové, ce phare serait l’un des plus à même de devenir une grande demeure agréable à vivre ! Il est spacieux et doit bien faire plus de 50 à 60 m² pour une hauteur de 5 à 6 mètres, rien que pour l’édifice principal sans compter l'annexe de l'entrepôt !
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Mon avis sur les îles Lavezzi va être simple : ce sont de chouettes petites îles. La faune, la flore et la géologie y sont intéressantes. L’île est sèche, sans aucune source d’eau potable. Les seuls végétaux présents sont de petits arbustes du maquis et une fine couche d’herbe, aucun arbre à proprement parler. Quant aux animaux, seuls quelques volatiles se perchent de temps à autre sur les gigantesques chaos granitiques qui parsèment l’île, le reste n'est qu'insectes ou poissons. Ces rochers d'ailleurs invitent presque à se hisser à leur sommet tant ils paraissent accessibles.
L’île possède quelques points d’intérêt à visiter. L’histoire tragique qui s’y rattache lui confère un certain cachet : marcher près du cimetière et apercevoir au loin le monument à la mémoire des malheureux morts en mer donne à Lavezzi une dimension très spirituelle. Les cimetières, avec la bergerie et le phare, sont pour ainsi dire, les seules traces de présence humaine en ces terres. L’île est donc, en partie dédiée à la mémoire des disparus en mer, et elle revêt ainsi un caractère spirituel pour l’homme.
Parmi les visites, le phare est mon coup de cœur. Ce phare abandonné, d’une telle ampleur et entouré d’une imposante enceinte, est un vrai plaisir à découvrir. On ne peut s’empêcher d’imaginer la chance de ceux qui ont pu y résider, même pour un court instant, quand il était en activité. La bergerie, quant à elle, est jolie mais sans grand intérêt : où sont les moutons ? Et le berger ? Il n’y a jamais eu âme qui vive en ces lieux, alors pourquoi ce nom si curieux, allez savoir ! Mais un berger en Méditerranée, ça semble être le début d'une mauvaise blague.
La baignade vaut également le détour : l’eau est claire et chaude au mois d’août, et quelques poissons s’y promènent, Certains viendront même vous mordre les jambes, comme ça m’est arrivé ! En bref, les îles Lavezzi sont une superbe destination.
Extrait du journal d'un montagnard #