Toujours dans la direction de la Balagne, nous sommes partis visiter le village de Sant’Antoninu, considéré comme « Le village médiéval » de Corse, fondé au Moyen Âge. Le village servait à la fois de refuge contre les incursions barbaresques et de poste de surveillance pour protéger la plaine de Balagne.
Aujourd’hui, Sant’Antoninu se distingue comme le « village traditionnel au sommet de la montagne corse ». En réalité, il en existe une pléthore comme lui, mais aucun ne jouit de sa popularité. Il faut dire que ce village n’est pas anodin :
Il a été construit sur un piton rocheux granitique de plus de 500 mètres, permettant de surveiller toute la Balagne afin d’alerter en cas de danger. À l’origine, c’est un chef chrétien du nom d’Antoninu qui y construisit son château pour résister aux invasions barbaresques. Le village ne se développa que plus tard, sous son impulsion et celle des hommes et des femmes venant trouver refuge sous sa protection.
C’est un véritable nid d’aigle qui ne fait qu’un avec la montagne : il est tout en verticalité, les rues montent et descendent beaucoup, elles sont labyrinthiques et étroites. Certaines sont creusées à même la roche, donnant l’impression qu’il s’agit de réseaux de petites grottes. Toutes ces rues forment une architecture défensive : les murs épais, les passages voûtés, les maisons imbriquées dans la montagne rendaient la progression des ennemis lente et difficile. Voilà pourquoi ce village était souvent qualifié d’imprenable. De plus, il est possible, à travers les multiples remparts de ce village, d’avoir une vue d’ensemble sur les vallées avoisinantes, comme celle du Reginu et du Fiume Seccu, ainsi que sur la mer.
Hélas, si nous savons avec certitude que le château a bel et bien existé pour résister aux invasions barbaresques, et que le peuple s’y réfugiait, il n’existe pas de récits historiques relatant de batailles s’étant déroulées dans ce village. Les barbares avaient sans doute trop à perdre en tentant d’entreprendre une attaque de front contre un tel lieu défensif, eux qui étaient habitués aux razzias opportunistes contre de simples paysans mal armés.