Direction vers le lion rugissant de Roccapina qui garde fidèlement sa tour génoise, une destination splendide tant les plages sont belles sur ces coins de l'île !
Le lion majestueux de Roccapina
A mi chemin entre Sartène et Bonifacio, le lion de Roccapina , superbe sculpture naturelle, semble veiller sur la bais et la tour Génoise qu'il domine. Comme en divers points du littoral insulaire, le vent, les embruns, les pluies ont creusé et taillé le granit rose en créant parfois de véritables sculptures monumentales représentant des hommes ou des animaux. Sur le site de Roccapina, petit golfe magnifique sur la côte du Sud-Ouest entre Senetosa et Bonifacio, on peut voir un lion magnifique avec son échine, sa crinière et son profil royal. Le noble animal garde la tour de Roccapina et domine une belle plage de sable blanc. La légende raconte qu'au temps des Sarrasins, un seigneur d'un grand courage vivait là. Les barbaresques l'avaient surnommé le lion de Roccapina. Un jour qu'il chassait là, le seigneur rencontra une jeune femme dont il tomba amoureux mais qu'il ne pouvait épouser. Alors, désespéré, il invoqua la mort et il fut pétrifié sous l'apparence du lion.
Il est possible d’apercevoir, au-dessus de la tête du lion de Roccapina, des ruines en pierres taillées correspondant probablement à l'ancienne tour génoise aujourd’hui écroulée et reconstruite plus loin sur la pointe de Roccapina. En contrebas de celui-ci, on distingue également une grotte où apparaît un mur de pierres taillées, signe peut-être d’un aménagement directement creusé dans la roche, soit des torrigianu, ou bien des pastori, nos amis les pasteurs dans notre langue maternelle !
D'ailleurs, si vous avez suivit l'exposition du phare Fenu, vous serez évidemment que ce lieu est le théâtre de fréquentes tempêtes où les bateaux se retrouvent souvent en difficulté. Au XIXe siècle un navire à vapeur nommé le Tasmania traversa cette passe de nuit et alla s'éventrer sur le Rocher des Moines. Le même qui se fracassa contre sa balise érigée pour prévenir des naufrages, ironique, et les survivants furent justement secourus par les habitants près de Roccapina !
Le lion de Roccapina demeure sans doute le cas de paréidolie le plus marquant de l’île. Il faut dire que, vu de loin, sa silhouette ressemble presque trait pour trait à celle d’un lion. Les Corses d’autrefois avaient-ils conscience de cette ressemblance ? À ma connaissance, il n’existe pas de descriptions anciennes du lion de Roccapina qui mentionnent explicitement cette forme avant 1900. Pourtant, deux indices laissent penser que cette ressemblance n’était pas ignorée : d’une part, une chanson traditionnelle non datée qui dit « Le Lion de Roccapina a dit à l’homme de Cagna : tu me gardes la côte et je te garde la montagne » ; l'Homme de cagna étant un autre rocher à forme vaguement humaine, et d’autre part, la fameuse légende du guerrier corse, aussi farouche qu’un lion, changé en pierre et prenant l’effigie de l’animal. Ces récits laissent à penser que les Corses d’antan percevaient déjà la forme atypique de ce rocher.
Quant aux ruines visibles sur et sous sa tête, elles semblent former une enceinte, probablement une tour, génoise ou non. Mais une énigme demeure : d’où vient le trou béant dans la tour de Roccapina ? Est-ce simplement l’œuvre du temps ? Peut-être… mais le fait qu’un seul pan circulaire de l’édifice se soit effondré, sans affecter le reste de la structure, interroge. Pourrait-il s’agir d’un impact de boulet de canon ayant entraîné cet effondrement ? Rien ne le prouve, aucun boulet n’ayant été retrouvé, et aucune source ne le mentionne. Il faut bien admettre que ce trou intrigue ! Presque autant que cette plage inhabitée derrière la montagne de Roccapina, j'y ai vu un sentier, mais personne sur cette immense plage qui doit bien faire plus de dix kilomètres de sable blanc si ce n'est plus !
